Pour créer ce label, la mairie de Paris s'est associée au Synhorcat (syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs), le premier syndicat professionnel à Paris représentant 40% des établissements et 80% des syndiqués.
L'auto-collant représente de façon stylisée une personne, les bras écartés comme pour aspirer le bon air, sur un fond bleu vif d'atmosphère sans trace de fumée.
La loi Evin, qui impose la définition dans chaque café ou restaurant d'un espace fermé réservé aux fumeurs, "n'est pas appliquée", ont constaté mardi lors d'une conférence de presse Alain Lhostis, adjoint au maire à la Santé, et Lyne Cohen-Solal, adjointe au Commerce et à l'Artisanat. Pas forcément "par mauvaise volonté", souvent parce que "l'espace ne s'y prête pas".
De ce fait, le choix d'être dans un environnement sans fumée "n'existe pas en France, où la protection des non-fumeurs est défaillante", a fait valoir M. Lhostis, qui a rappelé que le tabagisme passif tuait 3.000 non-fumeurs chaque année.
Les établissements intéressés doivent s'engager à respecter une charte disponible à la Direction de l'action sociale de l'enfance et de la santé (DASES) de la mairie. Le label, attribué pour une année, est renouvelé après contrôle de la DASES. La charte prévoit aussi l'absence de cendrier.
Mairie et syndicat ont insisté sur le caractère strictement "volontaire" de leur initiative. "Notre rôle n'est pas d'être attentiste", a souligné Didier Chenet, président du SYNHORCAT. Selon lui, alors qu'un tiers des clients demandaient à être assis dans les espaces non-fumeurs au début de la loi Evin, "ce sont maintenant les deux tiers qui le demandent".
Mairie et syndicat ne s'attendent pas à une réponse massive, mais espèrent gagner progressivement des établissements à l'idée, d'abord dans les quartiers touristiques où la demande des étrangers -notamment Américains et Japonais- est forte. M. Chenet prévoit ainsi de faire d'abord campagne auprès des tenanciers du Quartier Latin.
Selon lui, déjà une petite cinquantaine d'établissements (sur 12.000) sont sans tabac dans Paris.
Daniel Boulanger dirige ainsi depuis 13 ans un restaurant sans tabac dans le XIVe arrondissement. "J'ai perdu un peu de clients, mais j'en ai gagné, ça a dû s'équilibrer", dit-il à l'AFP. Il a remarqué des mégots écrasés devant sa porte: "Les fumeurs apprécient de pénétrer dans un endroit non-fumeur, où les aliments retrouvent leur goût".
Il estime que c'est "la meilleure solution", confirmant que la loi Evin "n'est pas applicable" : "Qu'est-ce que vous faites quand vous n'avez personne dans votre espace non-fumeur et que des fumeurs arrivent -ou l'inverse ?".
La liste des établissements "100% sans tabac" sera proposée sur le site de l'office du tourisme de la ville et sur celui du Synhorcat.
Le vice-président de l'"Alliance contre le tabac", Albert Hirsch, qui assistait à la conférence de presse, a expliqué que selon un sondage, 18% de personnes ne fréquentant pas les restaurants affirment qu'elles s'y rendraient s'ils étaient sans tabac (10% pour les cafés).
L'UMIH, principal syndicat des cafetiers et restaurateurs en France, a refusé de s'associer à cette campagne, plaidant seulement pour une meilleure application de la loi Evin. |