Le moral plombé des viticulteurs français

Selon une enquête de l'Institut BVA, publiée mercredi à Bordeaux lors de la présentation du salon Vinitech, 50% des 405 viticulteurs interrogés estiment que la viticulture est "en crise" et 41% qu'elle "connaît des difficultés". Seuls 9% des professionnels interrogés considèrent que la viticulture française "se porte bien". Trente-deux experts, interrogés par BVA, partagent +grosso modo+ l'avis des viticulteurs.

Ce sont surtout les producteurs du Bordelais -où 500 à 600 exploitations font face à des problèmes de trésorerie-, du Languedoc et du Sud-Ouest qui broient du noir : ils sont respectivement 69%, 60% et 56% à considérer que leur secteur est en crise.

Un mot qui a longtemps été tabou dans le Bordelais. Mais l'année 2004 a vu le prix en vrac des Bordeaux rouges tomber un temps sous le plancher de 750 euros le tonneau (900 litres), bien en-deçà du seuil de rentabilité, selon les viticulteurs. En 1997 et 1998 - période d'euphorie -, le cours avait atteint jusqu'à 1.500 euros. En Alsace, Champagne et Bourgogne, la majorité des viticulteurs estime dans que leur filière "connaît des difficultés" (73% en Alsace, 51% en Champagne et 60% en Bourgogne). Dans la région Côtes-du-Rhône-Provence, ils sont 49% et 54% pour les vins de Loire.

C'est cependant en Champagne -un vin de renommée internationale, synonyme de luxe ou de fête, dont les expéditions ont progressé en 2003- que les viticulteurs sont le plus optimistes. Mais cela reste très relatif : 16% seulement estiment que la filière se porte bien. Ils sont 14% dans ce cas en Languedoc, et 9% dans la région des Côtes du Rhône-Provence, mais seulement 3% en Alsace et 1 % en Bourgogne.

Conséquence de ce contexte maussade : la majorité des viticulteurs est pessimiste quant à l'avenir de leur métier. L'enquête montre d'énormes disparités régionales. Ainsi, en Champagne, ils sont 74% à voir quand même l'avenir en rose, contre seulement 27% dans le Bordelais et 29% en Bourgogne.

A tel point que moins d'un viticulteur bordelais sur deux -la même proportion dans la Vallée de la Loire- souhaite que son enfant devienne vigneron. En revanche, ils sont 88% en Champagne et 80% en Alsace.\n Depuis longtemps, la filière a pris conscience des principales causes des difficultés, dont la concurrence des vins du Nouveau monde (Australie, Amérique du Sud). 49% des viticulteurs placent cette cause en tête de liste.

Une concurrence qui selon les viticulteurs comme selon les experts, ne va aller qu'en s'accentuant. Dès lors, les vignerons estiment indispensables de "prendre en compte la demande" et "de séduire les nouveaux consommateurs". Un objectif qui, à Bordeaux par exemple, passe par une "mutation". Car alors que les Bordeaux se caractérisent par leur complexité, les consommateurs étrangers, tout comme les jeunes, exigent aujourd'hui des vins faciles, aisément identifiables et de qualité homogène, quel que soit le millésime.

Les viticulteurs souhaitent aussi que la communication, et en particulier la publicité, soit développée. Un sujet d'actualité, pour ce qui concerne la publicité en France, alors que sont engagées au Parlement des discussions sur l'assouplissement des lois Evin. Une loi que seulement 13% des viticulteurs considèrent "justifiée".


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