Embryonnaires, les biocarburants français déjà menacés par le Brésil

"C'est une menace importante pour le développement des biocarburants, et la solution passe par des négociations dans le cadre de l'OMC pour des quotas d'importations d'éthanol brésilien, mais il est d'ores et déjà aux portes de l'Union européenne", avertit le président de l'Institut français du pétrole (IFP), Olivier Appert.

Aujourd'hui, alors que le marché n'est pas encore constitué, les chiffres sont sans appel. L'éthanol brésilien est plus de deux fois moins cher que son homologue européen.

Produire un litre d'éthanol à partir du blé ou de la betterave en Europe coûte aujourd'hui entre 0,4 et 0,6 euro, alors que l'éthanol de canne à sucre du Brésil, premier producteur mondial, ne coûte que 0,17 euro par litre.

Sans compter que "la canne à sucre permet des rendements à l'hectare meilleurs que la betterave", explique Daniel Ballerini, expert de l'IFP.

Les quantités en jeu sont également sans commune mesure. Si la directive européenne prévoyant un taux d'incorporation de biocarburants de 5,75 % en 2010 est respectée, le marché européen du seul éthanol pèserait 140 millions d'hectolitres.

Une proie de choix pour le colosse brésilien, qui prévoit de passer d'une production de 154 millions d'hectolitres en 2004 à 240 millions en 2010, alors que la production européenne en 2003 n'a été que d'environ 4 millions d'hL.

D'autant que le Brésil se prépare. "Ils ont ouvert en mai un marché à terme à New-York pour l'éthanol et ont construit cette année le premier terminal portuaire d'éthanol", rappelle Stéphane His, de l'IFP.

Les professionnels agricoles, inquiets de cette pression grandissante, demandent un aménagement de l'arrivée de la production brésilienne sur le marché de l'Union européenne. "Notre souci, c'est que l'arrivée du Brésil se fasse progressivement, sinon on tue la filière française", explique le directeur général de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), Alain Jeanroy.

D'autant que les pétroliers français n'auront pas d'état d'âmes. "Si on nous oblige à incorporer de l'éthanol, on va aller l'acheter là où il est le moins cher", avertit le directeur général de l'Union des industries pétrolières (UFIP), Jean-Louis Shilansky, fustigeant par avance une décision "politique" qui les forcerait à s'approvisionner dans l'Union européenne.

Cette compétition s'inscrit dans le cadre plus large de la guerre du sucre qui oppose l'Union européenne et certains pays producteurs, dont le Brésil. Selon certains observateurs, l'Union européenne, condamnée par l'OMC pour ses subventions aux exportations de sucre, pourrait être tentée de sacrifier l'éthanol européen en échange d'une amnistie sur le sucre.


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