Voisin de l'Allemagne et de loin le plus grand des dix futurs nouveaux membres de l'UE, la Pologne a mis les bouchées doubles cette année à la Foire de Berlin : trente entreprises y étalent des produits du terroir contre seulement la moitié l'an passé. "Et nous avons dû refuser une cinquantaine de sociétés, compte tenu de la place qui nous est impartie", constate Andrei Sobieszek, du ministère polonais de l'agriculture. Les firmes se répartissent de petits espaces et les allées bouchonnent rapidement dans ce hall où les Polonais se retrouvent depuis dix ans.
"L'adhésion à l'UE, c'est un peu comme un feu vert pour nos exportations", résume Tomasz Kozlowski, directeur du marketing chez OSM Kalisz, une entreprise polonaise de produits laitiers. Cette société employant 250 personnes près de Poznan espère écouler son beurre surtout en Allemagne, la proximité étant un facteur important pour les produits frais, dit-il.
L'Estonie compte aussi sur l'UE pour donner un coup de pouce à ses exportations, explique Ave Lukas, de la Chambre d'agriculture et de commerce estonienne, entourée de collaborateurs tous vêtus du costume traditionnel, qui font déguster des fromages maison et des liqueurs à 4O% d'alcool. "Nous sommes un petit pays et nous voulons profiter de l'élargissement pour exporter des produits typiques qu'on ne trouve pas encore dans l'UE", observe Ave Lukas.
Autre pays balte, la Lettonie mise elle aussi sur l'UE pour doper ses exportations, à l'image de Laci, une boulangerie artisanale employant une centaine de personnes. "Pour l'instant, nous exportons très peu, mais lorsque nous ferons partie du marché européen, les opportunités seront beaucoup plus grandes", se réjouit l'un de ses dirigeants, Verner Kirsteins, derrière son stand situé au coin d'un hall occupé en large partie par la France, ses vins et sa mini tour Eiffel.
Côté lituanien, une salariée d'une boulangerie traditionnelle se veut moins optimiste : "Chez nous, les petites gens ont un peu peur de l'UE. Nous n'avons pas de grandes attentes et nous doutons de ce que le gouvernement nous fait miroiter", confie Regina Noreikaite, casquette verte vissée sur la tête.
Dans l'enceinte de Chypre, l'un des pays les plus riches parmi les dix nouveaux adhérents, un responsable d'une entreprise de vins et fromages estime que rejoindre l'UE est "plus un avantage sur le plan politique qu'économique, car nous ne sommes pas un grand pays agricole. Nous vivons essentiellement du tourisme et des services", résume Georgios Demetriou. Et d'ajouter non sans humour : "Notre adhésion, c'est une victoire sur la Turquie", pays qui occupe la partie nord de Chypre.
L'autre île méditerranéenne, Malte, est le seul des dix futurs membres de l'UE à ne pas être représenté à la Foire de Berlin. Rejoindre les Quinze signifie "des avantages mais aussi des inconvénients", analyse pour sa part ce chocolatier hongrois. "Nous allons pouvoir exporter nos produits 20% moins cher après la suppression des taxes douanières, mais nous allons aussi devoir supprimer 50 des quelque 130 produits que nous fabriquons en ce moment", affirme Adam Kelenyi. Car "nous ne pourrons plus faire concurrence avec des massepain (Marzipian) allemands beaucoup moins chers que les nôtres. Pour compenser, nous allons donc mettre l'accent sur les chocolats faits main", souligne le chef de cette entreprise familiale employant environ 300 personnes près de Budapest. |