Colère espagnole après l'accord de l'Union européenne

"C'est une attaque en règle contre l'Espagne" et un "accord sans précédent", s'est exclamé le président de l'Association des Jeunes agriculteurs (Asaja), Pedro Barato, dans des déclarations publiées vendredi par le quotidien madrilène ABC.

Le secrétaire général d'un autre grand syndicat agricole, la Coordonnatrice des organisations d'agriculteurs et d'éleveurs (COAG), Miguel Lopez, s'est exprimé dans des termes semblables, en ajoutant qu'il s'agissait "d'une tentative de freiner les productions méditerranéennes" de l'Espagne.

Le commissaire européen à l'Agriculture, Franz Fischler, "a octroyé des concessions à tous les pays" sauf à l'Espagne, a-t-il soutenu. "Pour la première fois, le pays avec les plus importantes productions concernées a été ignoré", a-t-il renchéri. La Fédération andalouse des coopératives agricoles (Faeca) a exprimé son "indignation et sa déception la plus absolue", en rappelant que les secteurs oléicoles et du coton constituent des "piliers de l'économie dans de nombreux zones" du sud de l'Espagne.

Une responsable de l'Association des producteurs de coton, Elena Saiz, a prédit la disparition de ce secteur en Espagne, qui emploie plus de 2.000 personnes, dès la première année de l'application de la réforme en 2006. La nouvelle titulaire du portefeuille de l'Agriculture, Elena Espinosa, a fait savoir jeudi que les services juridiques de son ministère allaient étudier la possibilité de déposer un recours contre l'accord incriminé auprès de la Cour de justice européenne. Consulté par l'AFP, un porte-parole de ce ministère a indiqué vendredi que la décision n'avait pas encore été prise.

Comme pour la politique agricole commune (PAC) l'an passé, la réforme critiquée par l'Espagne consacre, pour le coton, l'huile d'olive mais aussi le tabac, le principe du "découplage", qui consiste à supprimer, entièrement ou partiellement, le lien entre le montant des subventions versées aux exploitants et les quantités qu'ils produisent.

Pour l'Espagne, la décision concernant le coton a constitué le revers le plus dur. Pour ce produit, le découplage sera à hauteur de 65% alors que Madrid revendiquait un maximum de 20%. En ce qui concerne l'huile d'olive, dont l'Espagne est le premier producteur mondial, le découplage sera à hauteur de 60%. Dans ce chapitre, Madrid réclamait une sensible augmentation de l'enveloppe pour les oléiculteurs espagnols. En 2002, ces derniers avaient reçu de l'UE une aide globale à la production d'environ un milliard d'euros.

Concernant le tabac, des associations professionnelles comme l'Union des petits agriculteurs (UPA) estiment que "l'horizon est plus stable". "C'est un coup très dur" pour les productions méditerranéennes de l'Espagne, écrit vendredi le quotidien conservateur ABC selon lequel il s'agit "du premier revers du gouvernement Rodriguez Zapatero en Europe".

Plusieurs journaux comme la Vanguardia (centriste) relèvent un "certain isolement de l'Espagne" en matière agricole. Le quotidien El Pais (proche des socialistes) regrette que "la nouvelle équipe du ministère de l'Agriculture n'ait sans doute pas eu le temps ni l'expérience pour nouer des alliances nécessaires pour défendre les intérêts espagnols". "Et finalement, les appuis attendus de gouvernements comme ceux de la France et de l'Allemagne ne se sont pas produits", fait-il remarquer.


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