"Ni (le commissaire à l'agriculture) Franz Fischler, ni moi-même ne sommes sortis du mandat depuis cinq ans et il n'y a pas de raison que cela commence maintenant", a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse présentant la dernière initiative de la Commission pour relancer le cycle de Doha des négociations à l'OMC (Organisation mondiale du commerce).
Il a fait état d'un "très large consensus sur le fait que cette initiative était opportune", lors de la réunion vendredi dernier à Bruxelles du "Comité 133", qui rassemble les hauts fonctionnaires en charge du commerce international des 25 pays de l'Union.
"Evidemment, notre offre est conditionnée au fait que les autres pays bougent sur les autres sujets. Si c'était unilatéral, nous ne gagnerions pas le grand prix de la négociation à la fin", a expliqué M. Lamy, en demandant "un parallélisme total" avec les efforts accomplis par l'UE.
Il a reconnu que lors de la négociation de Doha en novembre 2001 qui avait permis de lancer le cycle, "nous n'avons pas pris l'engagement d'aller au niveau zéro" pour les subventions agricoles à l'exportation.
L'UE avait alors bataillé pour s'en tenir à la formule de la "réduction, en vue de l'élimination". Ce "langage alambiqué permettait de garder l'espoir" pour les pays qui font de cette concession européenne la condition sine qua non d'un accord, a concédé M. Lamy.
Mais la Commission avait ensuite repoussé les limites du mandat, avec l'accord des Etats membres et du PE, en offrant de supprimer ces subventions sur une liste de produits ayant un intérêt particulier pour les pays en développement. Liste que les intéressés, divisés sur leurs priorités, n'ont jamais déposée à Bruxelles.
Désormais, a-t-il dit, "tous les produits sont sur la table et si nous parvenons à un accord sur les modalités (de négociation), il resterait à négocier les délais de ce désarmement pour ce qui reste de nos subventions à l'exportation".
Les modalités, qui définissent la structure des négociations sur les quatre grands thèmes du cycle de Doha (agriculture, tarifs industriels, sujets dits de Singapour et sujets de développement), ne comprennent pas de chiffres. "Le calendrier est un chiffre. Nous en discuterons quand nous serons d'accord sur les modalités", a précisé M. Lamy.
Pour cela, il faut que les Etats-Unis et d'autres partenaires commerciaux de l'UE (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) acceptent de désarmer leurs propres systèmes de subvention à l'exportation, a affirmé le négociateur européen.
En ce qui concerne les Etats-Unis, cela veut dire précisément "ramener au niveau zéro le contenu en subvention des crédits à l'exportation", un problème techniquement complexe, et renoncer à l'usage de l'aide alimentaire en nature pour déverser leurs excédents agricoles sur les marchés mondiaux. Au Canada, en Australie, Nouvelle-Zélande et d'autres pays, l'UE exige le démantèlement des entreprises commerciales d'Etat, qui exercent un monopole sur les échanges de produits agricoles majeurs et pratiquent des subventions croisées entre importations et exportations. |