L'UE prend des risques pour relancer le cycle de Doha

En lançant cette initiative à la veille d'échéances importantes pour ces négociations commerciales multilatérales, le commissaire pour le Commerce Pascal Lamy et son collègue en charge de l'Agriculture Franz Fischler ont pris un double risque: celui d'être critiqués par certains Etats membres, et d'abord la France, pour outrepasser leur mandat, et celui de faire un coup pour rien si les Etats-Unis, principal partenaire concerné, se révèlent incapables de suivre.

Emboîtant le pas à la FNSEA, le principal syndicat agricole français, qui a fait immédiatement part de sa "surprise", le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard, a estimé, depuis Killarney (Irlande) où il rencontrait ses collègues européens, que le mouvement de la Commission semblait "outrepasser le mandat de négociations et également être tactiquement très dangereux".

"Nous savons que bouger dans une négociation est toujours tactiquement un peu risqué, mais il faut savoir le faire pour des choses qui sont essentielles", a expliqué M. Lamy à Bruxelles, en présentant cette initiative.

Il estime en outre être resté dans les limites du mandat confié par les Etats membres et le Parlement européen et fait état "d'un très large consensus sur le fait que cette initiative était opportune", lors de la réunion des hauts fonctionnaires des 25 pays membres vendredi dernier.

De source communautaire, on affirme que non seulement les pays "libéraux" du nord de l'Europe traditionnellement hostiles à ces subventions agricoles, mais aussi les habituels alliés méditerranéens de la France, ont appuyé les commissaires. Seules la Hongrie et l'Irlande, et de manière moins nette la Belgique, auraient soutenu la critique française.

Après des mois de discussions et de pérégrinations à travers le monde pour surmonter l'échec de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun en septembre dernier, MM. Lamy et Fischler sont parvenus à la conviction qu'une avancée de l'Europe sur ce point sensible était une condition du déblocage.

"C'est l'essentiel de ce qu'on nous demande et c'est l'UE qui est en première ligne sur les subventions à l'exportation", a expliqué M. Lamy.

Or, le temps presse. Une "mini-ministérielle" de l'OMC se tiendra à Paris, le 14 mai, en marge de la Conférence ministérielle de l'OCDE, et un conseil général de l'organisation à Genève, le 17 mai.

L'objectif des 147 pays membres est de trouver un accord sur les modalités de la négociation avant la fin du mois de juillet. Ensuite, a rappelé M. Lamy, "nous entrons dans une période hivernale en raison des élections américaines" de novembre prochain.

Exigeant "un parallélisme complet" de l'effort des Etats-Unis et d'autres acteurs importants (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande), M. Lamy pense que Washington, qui devra mettre sur la table ses propres soutiens plus ou moins déguisés aux exportations, est prêt "à aller dans cette direction, ne serait-ce qu'en raison du coût budgétaire" de sa politique agricole.

Enfin, la Commission européenne fait remarquer que l'Union doit utiliser quand il en est encore temps l'outil de marchandage que constituent les subventions à l'exportation. Une valeur marchande qui se dévalue rapidement puisque les montants (concentrés en grande majorité sur les céréales, la viande et les produits laitiers) sont tombés de 10 milliards d'euros en 1992 à 2,8 mds en 2001.

En contrepartie, la Commission veut sécuriser à l'OMC le redéploiement des soutiens internes à l'agriculture européenne, dans le droit fil de la réforme de la politique agricole commune consistant à découpler les aides des volumes de production.


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