"Sur le mandat, c'est un point de principe. Je suis toujours resté à l'intérieur du mandat", a affirmé M. Lamy à l'AFP, à la suite des réactions critiques de plusieurs membres du gouvernement français à l'initiative annoncée lundi par lui-même et Franz Fischler, le commissaire à l'agriculture. "Nous n'aurions pas eu la majorité que nous avons eu vendredi dernier, si nous n'avions pas été à l'intérieur du mandat", a ajouté M. Lamy, en référence à l'accueil réservé à cette initiative par le comité 133, qui réunit les hauts fonctionnaires des 25 états membres.
Selon des sources européennes, seule la Hongrie, l'Irlande et dans une certaine mesure la Belgique avaient alors appuyé les critiques françaises.
Dans la lettre adressée aux autres pays membres de l'OMC, MM. Lamy et Fischler rappellent l'offre déjà acceptée par les états membres d'éliminer les subventions agricoles pour les produits d'intérêt pour les pays en développement, sans exclusion à priori.
"De fait, toutes nos subventions à l'export sont sur la table", écrivent les deux commissaires, en ajoutant que "si un résultat acceptable apparaît sur l'accès au marché et le soutien intérieur, nous serions prêts à bouger sur les subventions à l'exportation".
Alors que le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard a accusé lundi la Commission d'avoir outrepassé son mandat, le ministre de l'Economie et des Finances Nicolas Sarkozy et son ministre délégué au commerce extérieur Français Loos se sont contentés de mettre en cause l'opportunité de la démarche européenne.
"J'admet que l'on puisse discuter la tactique, encore que cela soit de la responsabilité du négociateur", indique Pascal Lamy.
Mais, ajoute-t-il, "je trouve étrange que l'on m'accuse de me déshabiller, ce qui n'est pas dans mes habitudes, alors que je fais une offre conditionnelle. Si les autres bougent, la négociation avance. S'ils ne bougent pas, j'aurais fait mon devoir, y compris en donnant au pays en développement un signal très important pour eux".
En présentant son initiative, la Commission a insisté sur un strict parallélisme entre l'effort que l'UE était prête à consentir et la réduction des soutiens à l'exportation plus ou moins déguisés pratiqués par d'autres grands acteurs de la négociation, en particulier les Etats-Unis. |