Le pruneau d'Agen s'allie au Parmesan et au touron d'Alicante

"Il faut une vraie politique au niveau européen pour défendre une certaine forme d'agriculture qui mise sur la qualité, c'est la survie des petits producteurs face à la mondialisation qui est en jeu", explique Dominique Graciet, un des membres fondateurs de l'Association des régions européennes pour les productions d'origine (AREPO).

Premier objectif de l'AREPO, qui réunit des Français, des Italiens, des Espagnols, des Allemands, des Portugais et des Polonais: profiter du prochain renouvellement du parlement européen pour sensibiliser les députés à l'enjeu de la protection des terroirs.

Près de 600 produits alimentaires ont obtenu de la Commission européenne une indication géographique (IGP ou AOP) qui offre une protection sur le territoire européen et ouvre des marchés différents, les consommateurs acceptant de payer jusqu'à 30% plus cher un produit certifié d'origine, comme le jambon de Bayonne ou le camembert de Normandie. Reste à faire reconnaître les mentions d'origine au niveau international.

Pour les 2.250 producteurs de pruneaux d'Agen qui, dans six départements du Sud-Ouest, s'efforcent de vivre de leurs petits vergers, avec une surface moyenne inférieure à 7 ha, l'enjeu est de contrer les Chiliens qui pratiquent la culture intensive et exportent à moindre coût, des fruits étiquetés... "pruneau d'Agen".

En Italie du Nord, l'industrie traditionnelle du parmesan, qui fait vivre 23.000 personnes entre plaines et montagnes, bataille aussi depuis plusieurs années pour protéger son fromage des "imitations" qui inondent le marché mondial.

En face, les Etats-Unis, l'Argentine, l'Australie et la Nouvelle-Zélande argumentent que le parmesan est une simple "recette" pour déposer une "norme" devant le Codex Alimentarius, commission internationale basée à Genève et chargée notamment de réguler le commerce alimentaire. Début mai, ces pays ont contesté le droit historique de l'Italie sur le nom en vue d'obtenir une banalisation de son usage commercial, lors d'une réunion de négociation organisée en Nouvelle-Zélande.

"Si ça passe pour le parmesan, c'est la porte ouverte pour une attaque en règle sur toutes les appellations d'origine", s'inquiète Guy Saint-Martin, conseiller régional d'Aquitaine, une région où 60% des produits agricoles s'associent à une démarche de qualité ou d'origine.

Dans ce contexte de guerre commerciale, les fondateurs de la nouvelle association AREPO veulent "créer un lobby politique pour éviter que l'on copie au rabais les noms d'origine" et mieux peser sur les instances de décision, au niveau européen mais aussi international.

L'enjeu économique est de taille: en France, le secteur des mentions d'origine connaît depuis 1997 une progression de 6,8% par an de son chiffre d'affaires, contre 0,7% pour la filière traditionnelle agricole.

L'AREPO réunit Aquitaine, Limousin, Midi-Pyrénées, Basse-Normandie, Haute-Normandie et Corse, Castilla-et-Leon, Andalousie, Euskadi, Catalogne, Navarre et Valence (Espagne), Emilie-Romagne, Piémont et Toscane (Italie), Hesse (Allemagne), Açores (Portugal) et Poméranie (Pologne).


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