Bruxelles s'attaque sous les critiques à la Bastille du sucre européen

Réduction des prix garantis, diminution de la production et des exportations: les mesures adoptées par Bruxelles, qui vont maintenant être négociées avec les 25 Etats membres de l'Union européenne, se veulent radicales. Le commissaire à l'Agriculture Franz Fischler a défendu l'initiative par le fait que le sucre est la seule production européenne à n'avoir jamais été réformée en 40 ans de politique agricole commune (PAC). Les prix garantis par l'UE à ses producteurs, et dont bénéficient aussi en partie les pays d'Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) et l'Inde, se situent 3 fois au-dessus des cours mondiaux. "Ce n'est pas défendable au plan économique et ce n'est pas dans l'intérêt des pays en voie de développement... Cette réforme est indispensable", a déclaré M. Fischler.

L'idée phare du commissaire est d'instaurer à partir de juillet 2005 une baisse progressive d'un tiers des prix européens garantis, ainsi qu'une diminution des quotas de production. D'ici à fin 2007, les prix garantis du sucre et de la betterave tomberaient de 632 euros à 421 euros la tonne (-33%), et de 43,6 à 27,4 euros/tonne (-37%). Le quota annuel de production pour l'ensemble de l'UE, aujourd'hui de 17,4 millions de tonnes, serait ramené à 14,6 millions en 2008/09. Les exportations subventionnées seront encore plus réduites, de 2,4 millions de tonnes annuelles à seulement 400.000 tonnes. L'annonce que Bruxelles ne prévoit de compenser qu'à hauteur de 60% les pertes de revenus des producteurs européens a suscité l'ire de 800 manifestants espagnols, italiens, portugais ou irlandais, qui risquent de faire les frais d'un projet plus favorable à leurs collègues français ou allemands. "Je ne peux nier que les moins compétitifs vont souffrir", a reconnu Franz Fischler. La Commission a prévu une enveloppe de 895 millions d'euros de compensation sur 2005-07, qui sera portée à 1,34 milliard en 2007/08. Le gros de cette manne ira à l'Allemagne et la France, les deux principaux producteurs européens et les plus rentables avec le Royaume-Uni.

M. Fischler a également assuré mercredi que Bruxelles "respectera ses engagements" envers les pays ACP et l'Inde. La Commission a promis d'aider ces pays à "améliorer leur compétitivité". Bruxelles souligne qu'avec sa réforme, les 49 pays les moins avancés (PMA) "pourront exporter plus de sucre en franchise de droits" de douane vers l'UE. Mais cette augmentation devrait rester limitée à 500.000 tonnes. "L'UE reste fermée aux besoins des pays en développement et place les intérêts des gros exploitants et des compagnies de transformation avant toute chose", ont dénoncé Oxfam et World Wildlife Fund (WWF). Outre des compensations rapides pour les ACP, les deux organisations non-gouvernementales réclament une diminution de 33 à 40% de la production européenne de sucre, l'élimination de toute subvention communautaire à l'exportation, une augmentation claire des importations des pays pauvres.

L'Union européenne est un acteur clé du marché mondial du sucre, avec une production de l'ordre de 20 millions de tonnes par an assurée pour près de la moitié (8,6 millions) par la France et l'Allemagne, loin devant l'Italie, le Royaume Uni et l'Espagne. Le régime européen de subventions à la production sucrière fait l'objet depuis l'an dernier d'une plainte du Brésil, de l'Australie et la Thaïlande à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).


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