Au lendemain du congrès du parti majoritaire au cours duquel a été proclamée l'élection triomphale de Nicolas Sarkozy (85,1 %), c'est un fidèle du président de la République, Hervé Gaymard, qui est nommé à Bercy. Ministre de l'Agriculture depuis 2002, ce Savoyard de 44 ans est promu ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Jacques Chirac a misé sur celui qui, un temps, avait envisagé de se présenter à la présidence de l'UMP contre Nicolas Sarkozy.
Hervé Gaymard devra sortir d'une certaine réserve naturelle pour tenter de faire oublier le tout-puissant et omniprésent ministre d'Etat.
Il sera épaulé par un autre jeune chiraquien, Jean-François Copé, 40 ans. Le porte-parole du gouvernement est promu ministre délégué au Budget, poste où, avant lui, Laurent Fabius, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ont fait leurs classes.
Ce tandem chiraquien sera chargé d'appliquer le budget pour 2005 préparé par Nicolas Sarkozy, de trouver les moyens de relancer une croissance qui tarde à s'affirmer et de tenir certaines promesses du ministre démissionnaire.
Un temps, certains, comme Jean-Louis Borloo, avaient caressé l'espoir de voir le Budget rattaché à Matignon plutôt qu'à Bercy, mais le classicisme s'est imposé.
Le choix a été de ne pas faire entrer de nouveaux ministres et de miser sur la jeune génération, soulignait-on à Matignon.
Pendant plusieurs semaines, les noms de Thierry Breton, PDG de France Télécom, et de Philipe Douste-Blazy avaient circulé avec insistance pour remplacer Nicolas Sarkozy. Mais il n'aurait pas été très cohérent de nommer à Bercy un homme venu de la société civile après avoir renvoyé Francis Mer en avril.
Ministre de la Santé et de la Protection sociale, le centriste Philippe Douste-Blazy obtient quant à lui un lot de consolation : son portefeuille est élargi à la Famille et change d'intitulé. Il devient ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille et gagne quatre places dans l'ordre protocolaire, passant du 8ème au 4ème rang des ministres. L'exécutif espère aussi donner à l'ancien secrétaire général de l'UMP un rôle politique accru auprès du parti.
Jean-Pierre Raffarin a pour sa part obtenu la promotion d'un fidèle entre les fidèles, Dominique Bussereau, qui passe du secrétariat d'Etat au Budget, dans l'ombre de Nicolas Sarkozy, au ministère de l'Agriculture. Un ministère occupé il y a 20 ans par Jacques Chirac qui suivra de très près l'élaboration de la loi d'orientation agricole dont il a récemment tracé le cadre, lors d'un déplacement dans le Cantal.
Le très chiraquien Christian Jacob, ministre délégué aux PME qui s'était opposé à son ministre de tutelle Nicolas Sarkozy sur la réforme de la loi Galland, est promu ministre à part entière.
Quant à Marie-Josée Roig, elle laisse le portefeuille de ministre de la Famille, pour devenir ministre déléguée à l'Intérieur auprès de Dominique de Villepin auquel elle apportera son expérience d'élue locale à Avignon.
Ce remaniement ministériel, plus large que prévu, ne modifie pas l'architecture d'un gouvernement dominé par les proches du président de la République.
Le départ de Nicolas Sarkozy qui, avec rang de ministre d'Etat, revendiquait une totale indépendance, peut donner plus d'espace au Premier ministre et renforcer son autorité sur son équipe. Le ministre délégué à l'Industrie Patrick Devedjian est désormais le seul ministre proche du nouveau président de l'UMP. |
