La ministre autrichienne de la santé, Maria Rauch-Kallat, a indiqué cette semaine qu'elle voulait "prendre des mesures claires", notamment en matière fisacle, espérant de cette manière réduire chez les jeunes la consommation croissante des boissons prémixées. La fiscalité vise à rendre moins chères en comparaison les boissons sans alcool.
Ces boissons, en masquant le goût caractéristique de l'alcool, attirent un "public de plus en plus jeune et féminin", note le député Yves Bur (UMP, droite) à l'origine de la politique de taxation en France. En Allemagne, 52% des adolescents âgés de 16 et 17 ans consomment régulièrement des "alcopops" d'après le Centre contre les toxicomanies qui déplore une véritable "catastrophe de santé publique". Depuis le 2 août, les "alcopops" sont taxés en Allemagne à hauteur de 80 à 90 centimes d'euro par bouteille (0,275 ou 0,33 litre). Jusqu'à fin 2004 cet impôt devrait rapporter 5 millions d'euros, qui, selon le gouvernement, seront utilisés pour la prévention contre l'alcoolémie et la toxicomanie.
En France, les "prémix" sont taxés depuis décembre 1996, la taxe ayant été réévaluée à 11 euros par décilitre d'alcool pur dans la loi de santé publique votée le 31 juillet dernier. L'effet dissuasif de la taxe reste cependant discuté. Si en Norvège ou en France, on a pu constater un essoufflement du marché après la hausse du prix, le débat sur les mesures à prendre reste ouvert en Autriche.
Pour Dora Donosa, psychologue au touring-club autrichien OeAMTC, "le plus important est d'abord d'unifier au niveau fédéral la législation en matière d'interdiction de vente d'alcool aux jeunes". L'âge minimal varie en effet (de 16 à 18 ans) selon les provinces, ce qui nuit à une véritable politique de prévention. Selon Mme Donosa, la consommation de ces cocktails chez les jeunes, liée à un "effet de mode", est censée rendre "cool et trendy", ce qui conduit "à la sous-estimation de la dangerosité de leur effet". Cela rend le problème de l'alcool au volant après une soirée en boite d'autant plus actuel.
En Autriche, plus d'un tiers d'accidentés de la route en raison de l'alcool ont entre 15 et 24 ans, selon l'Institut national des statistiques. Et ce chiffre est en hausse constante. Le problème est identique en France, où environ 25% des conducteurs impliqués dans un accident (corporel ou mortel), avec un taux d'alcoolémie positif, ont entre 18 et 24 ans, d'après la Sécurité routière. Le touring-club pense qu'une seule "taxe sanitaire" élude le véritable enjeu: "au regard de l'augmentation du risque des accidents de la route chez les jeunes liés à l'alcool, il faut commencer par des campagnes de prévention plus ciblées sur les effets de l'alcool".
Les "alcopops" sont apparus sur le marché européen au milieu des années 1990. Ils se sont implantés différemment selon les pays et ont surtout connu un succès dans les pays du nord-ouest de l'Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, France, Grande-Bretagne entre autres). En Russie, la hausse de la consommation de ces cocktails inquiète les médecins, spécialistes de toxicomanie, mais ne suscite pas de débat dans le grand public plus intéressé par la récente interdiction de la publicité pour la bière, un fléau de l'alcoolisme juvénile.
Ces boissons sont généralement à base de vodka, de rhum ou de tequila en bouteille (Bacardi Breezer, Smirnoff Ice par exemple). Le degré d'alcool varie entre 1,2 et 12, soit une moyenne de 5,5. |
