La France, leader européen pour la mortalité prématurée liée à l'alcool

Certes, chaque Français - bébés compris - ne consomme plus "que" un peu moins de onze litres d'alcool pur par an, contre 18 dans les années 60, selon une "expertise collective" de l'Inserm rendue publique il y a un an. Mais l'alcoolisme reste directement responsable de 23.000 décès (4,3% du total), ou de 45.000 si sont prises en compte les "causes associées" : accidents de la route, du travail, décès résultant de maladies pour lesquelles l'alcool est un facteur aggravant.

La mortalité par alcoolisation est maximale chez les 45-54 ans : chez les hommes, elle représente 18% du total et 10% chez les femmes. Passé 65 ans, la mortalité est cinq fois plus élevée chez l'homme que chez la femme. Conséquences sanitaires pour les survivants : ils sont cinq millions à connaître des problèmes médicaux ou des difficultés psycho-sociales liées à l'alcool. Mais seulement 20% de ces "alcoolo-dépendants" sont traités.

Conséquences économiques pour le pays : les pertes de revenus et de production liées à l'excès de boisson varient de 10 à 17,5 milliards d'euros par an. Dès l'âge de 20 ans, constate l'Inserm, sept hommes sur dix consomment de l'alcool au moins une fois par semaine, et quatre femmes sur dix. Dans le milieu du travail, le nombre moyen de verres consommés par les hommes est 1,5 à 2 fois supérieur à celui des femmes.

Les deux tiers des plus de 65 ans consomment quotidiennement du vin alors que les jeunes penchent pour les alcools forts et les bières, principalement en fin de semaine lors de fêtes. Les enquêtes françaises en milieu scolaire montrent que 86 % des plus de 16 ans ont "expérimenté" l'alcool. Cependant, l'usage répété - au moins dix "actes de consommation" par mois - ne semble pas avoir augmenté.

Selon l'épidémiologiste Françoise Facy, l'âge précoce de la première consommation constituerait le "premier facteur de risque prédictif" d'une consommation adulte excessive. L'alcool est impliqué dans 10 à 20% des accidents du travail et est responsable de 2.700 décès par an sur les routes. Il est également associé aux agressions, aux rixes, aux violences conjugales: "dans 36 % des cas de violences conjugales, un des protagonistes a bu et, plus généralement, une infraction sur cinq est liée à l'alcool", rappelle Mme Facy.

En France, plus de deux millions de personnes seraient "alcoolo-dépendantes" et près de 40 % d'entre elles présenteraient un autre trouble mental (troubles anxio-dépressifs, personnalité anti-sociale, schizophrénie). L'alcool a aussi un retentissement sur le statut social, la qualité des études, le type d'emploi et le niveau de salaire.

Et chez la femme enceinte, la consommation d'alcool est catastrophique pour le futur bébé. Celui-ci boit autant que sa mère puisque l'alcool traverse directement le placenta. Malformations, retards de croissance, anomalies neurologiques : les risques sont tellement graves que le Collège national des gynécologues-obstétriciens français (CNGOF) vient de demander l'apposition, sur les bouteilles, d'un étiquettage mettant en garde les femmes enceintes, comme cela se fait d'ailleurs depuis des années en Amérique du nord. Selon les "gynécos", les alcooliers n'auraient pas dit non.


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