PARIS, 3 mars 2004 "Le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard n'assume pas ses responsabilités", a déclaré José Bové s'exprimant devant un petit groupe de journalistes, dans un brouhaha provoqué par les interventions simultanées de plusieurs manifestants du syndicat agricole. Son éternelle pipe aux lèvres, José Bové a dénoncé fermement la politique du gouvernement. M.Gaymard "laisse crever tous ses paysans alors que son travail serait de donner des orientations pour qu'il y ait un véritable développement qui permette aux paysans de vivre, à l'environnement d'être protégé et aux consommateurs d'être satisfaits de la production", a-t-il déploré. Vers 11h00, quelques dizaines de militants ont entouré le stand du ministère de l'Agriculture d'une bâche noire et ont peint en blanc "Ministère du KO agricole". Les représentants du ministère présents ne sont pas intervenus, rappelant que M. Gaymard assistait mercredi matin au Conseil des ministres. De nombreux visiteurs du salon ont écouté avec attention les doléances du syndicat agricole, applaudissant aux propos des intervenants. "Ils ont raison, a déclaré à l'AFP une animatrice du stand de l'Institut National des Appellations d'Origine (INAO) qui dépend du ministère. "Il faut saluer l'action de ces gens qui viennent jeter un pavé dans la mare et dire très fort que cette politique agricole n'est pas claire", a-t-elle estimé. Sumaya, étudiante, regrette, elle, de ne pas avoir pu participer à un débat organisé par le ministère sur les zones de montagne, du fait de l'action du syndicat. Pour José Bové, le ministère de l'Agriculture "organise le démantèlement des paysans, le déménagement des exploitations. Les producteurs de lait voient le prix du lait baisser tous les jours, les producteurs de porcs sont en faillite et les apiculteurs à cause du Régent vont vivre une année 2004 de cauchemar parce que les semences traitées vont être utilisées, a-t-il martelé. "Les OGM (organismes génétiquement modifiés) risquent à nouveau de polluer nos campagnes et, en même temps, M. Gaymard dit qu'il veut appliquer la politique agricole commune décidée à Luxembourg", a-t-il poursuivi. Une telle politique va conduire "dans les 10 ans à la disparition de la moitié des paysans. Ce n'est pas acceptable", s'est insurgé M. Bové, déplorant un manque "de discours politique agricole, une fuite en avant". La Confédération souhaite que "tous les dossiers soient remis à plat, qu'il y ait un véritable débat public sur l'agriculture", a indiqué M. Bové qui souhaite que M. Gaymard ait "le courage de retirer toutes les semences traitées" avec les insecticides à base de fipronil. Vers 12h30, le syndicat a quitté le stand en regrettant de n'avoir pu obtenir un rendez-vous avec M.Gaymard. "M.Gaymard, vous qui mettez en place des plans sociaux pour aider les paysans à quitter dignement le métier, c'est à vous de quitter dignement votre poste de responsabilité car vout êtes incapable de répondre aux attentes sociales des paysans", a lancé Jean-Emile Sanchez, secrétaire national de la Confédération. |
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