Les consommateurs déplorent le feu vert de Bruxelles

Le maïs "doux" de la firme suisse Syngenta sera autorisé pour dix ans à la consommation humaine (en boîte de conserve), mais ne pourra pas être cultivé.

"Nous sommes très déçus et considérons que les autorités nationales n'ont pas fait leur travail", a déclaré à l'AFP Hélène Moraut-Pestanes, chargée de mission agriculture et alimentation à l'UFC-Que Choisir, estimant que la Commission est "une structure technique et non un organe de décision".

Faute d'accord entre les ministres de l'Agriculture le 26 avril pour approuver ou rejeter ce maïs, c'est à la Commission qu'est revenue la responsabilité de décider la levée du moratoire observé depuis juin 1999.

"Les Etats se sont défaussés sur la Commission. C'est très grave. Nous avons affaire à l'entrée dans l'alimentation d'un produit qui n'a pas fait la preuve de son innocuité sur l'être humain", a renchéri Arnaud Faucon, responsable du volet alimentation à Consofrance.

"La pression des lobbys industriels a été la plus forte. L'économie vient de prendre le pas sur le politique. La Commission a-t-elle bien pris la mesure de ce qu'elle vient de faire?", s'est-il interrogé. La CLCV (Confédération consommation, logement, cadre de vie) affiche son dépit regrettant de n'avoir obtenu aucune contrepartie à la levée du moratoire. "Les conditions d'étiquetage et de traçabilité ne sont pas des garanties et contreparties suffisantes", a martelé Olivier Andrault, directeur scientifique à la CLCV.

D'autres points restent en suspens. Ainsi, "les procédures d'évaluation sont incomplètes, les conditions d'encadrements réglementaires de la culture d'OGM pour la survie de la filière non OGM ne sont pas établies", a-t-il rappelé, évoquant les problèmes de contamination et les surcoûts qui vont arriver et pourraient être portés par la filière non OGM et enfin par le consommateur... "Toutes ces choses qui nous semblent indispensables, nous n'avons pas réussi à les obtenir pour le moment", a-t-il regretté.

La CLCV assure qu'elle "continuera à se battre pour obtenir une réglementation claire et nette".

Les associations de consommateurs mettent en garde les citoyens, très sceptiques face à l'arrivée des OGM dans l'alimentation.

"Nous allons leur demander d'être vigilants sur les étiquetages, puisque c'est maintenant notre seul moyen d'action", a précisé l'UFC-Que Choisir. Et de mettre en exergue qu'"à partir du moment où ce produit est contesté sur le plan scientifique, ce n'est pas une variété que l'on peut consommer en toute confiance".

S'interrogeant sur la légalité "de cette décision qui réfute le principe de précaution", M. Faucon a estimé que "les consommateurs devront faire pression au maximum". Une pression qui pourra s'exercer "dans les actes de consommation, mais aussi vis-à-vis des élus sous forme de manifestations, pétitions...", a-t-il fait valoir.

Au niveau des distributeurs, le groupe Carrefour a précisé que pour ses produits à marque Carrefour, il s'était engagé depuis 1991 à ne pas distribuer de produits ayant des ingrédients à base d'OGM.

"Pour les produits à marque nationale, on laisse le libre choix aux consommateurs puisque les produits seront étiquetés", a indiqué une porte-parole du groupe. "Sachant que 80% des consommateurs en Europe refusent de consommer de l'OGM, je suis très curieuse de savoir quel industriel va commercialiser ce type de maïs", a-t-elle ajouté.


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