L'association WWF France vient de présenter deux expériences pilotes de "restauration écologique" de forêts, dans le Morvan et les Landes, visant à sortir de la monoculture de résineux et à tirer les leçons des tempêtes de décembre 1999. Ces projets, lancés en 2001 en partenariat avec WWF, consistent à créer des "futaies irrégulières", peuplées d'espèces et d'arbres de hauteurs différentes, pour remplacer les traditionnelles forêts de résineux plantées et vouées à des "coupes rases" tous les 50 ou 60 ans.
"Ce système permet une gestion plus proche de la nature, d'avoir une forêt en bonne santé et des arbres qui résistent bien mieux aux violents coups de vent", affirme Brice de Turckheim, gérant du Groupement forestier de Folin qui exploite 525 hectares de bois à Roussillon-en-Morvan (Saône-et-Loire). Ce groupe privé a abandonné les coupes rases systématiques au profit d'éclaircies régulières qui permettent d'abattre uniquement des arbres sélectionnés et de laisser pousser --naturellement-- des feuillus (hêtres, chênes...) au milieu des résineux (épicéas, sapins, pins douglas).
"Nous laissons les arbres morts car ils font de l'humus et abritent des parasites qui détruisent les parasites s'attaquant aux bois verts", précise M. de Turckheim.\n Le système des futaies irrégulières, appelées aussi "forêts jardinées", "augmente la productivité et assure des rotations de capitaux plus rapides", ajoute-t-il. "Cette gestion garantit une continuité de la production, limite les dépenses (en supprimant notamment les plantations) et permet d'obtenir des arbres plus gros et de meilleure qualité", souligne-t-il.
"L'expérience montre que l'on peut exploiter économiquement la forêt tout en maintenant la biodiversité" de la flore et par suite de la faune, se réjouit Lucienne Haese, présidente d'Autun Morvan Ecologie, une association participant à l'opération. "Ce type de sylviculture ne progresse pas assez vite", regrette toutefois Mme Haese. Les résineux ont été plantés massivement dans le Morvan après la Deuxième Guerre mondiale.
L'autre projet est mené dans les Landes, autre région de monoculture de résineux depuis le 19ème siècle. Profitant des dégâts provoqués par les tempêtes de 1999, la Réserve naturelle de l'étang de Cousseau (Gironde) s'est lancée dans une diversification de sa forêt en privilégiant les feuillus, notamment les chênes. "De nombreux propriétaires forestiers de la région, notamment des communes, nous ont contacté pour bénéficier de notre expérience, car ils en ont marre de dépenser de l'argent sans en gagner" après les dégâts liés aux tempêtes ou aux incendies, explique François Sargos, conservateur de la réserve.
Malgré ces premiers succès, la restauration écologique des forêts s'annonce une tâche longue et ardue, reconnaît WWF en précisant que les futaies irrégulières représentent à peine 5% de la superficie totale des forêts françaises. |