UFC-Que Choisir a assigné vendredi ces deux sociétés devant le tribunal de grande instance de Nanterre afin qu'elles modifient des mentions d'emballages de produits qui, selon elle, sont "de nature à induire en erreur sur la composition et les qualités de ceux-ci". "Nous avions l'embarras du choix. Ces deux dossiers étaient pertinents. Nous n'allons pas nous arrêter là", a affirmé lors d'un point de presse Alain Bazot, président de l'association de défense des consommateurs, qui réclame 20.000 euros à chaque société pour "préjudice collectif".
"Nous entendons mettre les professionnels au pied du mur. Ils doivent revoir leur politique marketing et arrêter de tromper les gens", a insisté M. Bazot. L'UFC conteste l'étiquette d'une bouteille d'eau parfumée à la pêche de Vittel, qui porte la mention "boisson aromatisée à base d'eau minérale naturelle Vittel riche en calcium". Ce produit n'est pas "riche en calcium" et l'eau n'est pas "minérale puisqu'elle est très riche en sucre", selon l'association. En outre, de couleur translucide, elle est vendue au rayon eaux minérales, ce qui induit le consommateur en erreur.
Mais la société Vittel a répondu lundi soir que le produit incriminé avait été retiré de la vente depuis avril, "remplacé par un nouveau produit intitulé +Pêche d'Enfer+ dont l'étiquette ne mentionne plus qu'il contient du calcium", a affirmé Hubert Genyès, directeur marketing de Nestlé Waters. "L'assignation de l'UFC-Que Choisir n'a donc aucune raison d'être", a-t-il dit. Pour la société Harry's, UFC juge que l'emballage des brioches "Doo Wap" "laisse apparaître une présentation et une formulation liées aux qualités nutritionnelles du lait qui encourage la consommation de ce produit par les enfants, alors que la valeur énergétique du produit est très élévée".
Harry's, filiale de l'italien Barilla et l'un des premiers boulangers industriels français, s'est dit "étonné" lundi de cette assignation en affirmant que ses étiquettes étaient "totalement conforme à la réglementation". "Les conséquences de l'obésité sur notre santé nous préoccupent, nous ne pouvons nous résoudre à rejoindre les Etats-Unis", où l'obésité est en passe de devenir la première cause de mortalité, a déclaré de son côté UFC-Que Choisir L'association indique avoir tenté d'interpeller les pouvoirs publics sur ce phénomène mais explique que l'immobilisme a été de rigueur "sous la pression des lobbies de l'agroalimentaire" qui "déploient des moyens considérables en publicité, promotions auprès des enfants", déplore M. Bazot.
L'association dénonce en particulier les "allégations aberrantes, excessives ou tout au moins inutiles" qui sèment la confusion chez les consommateurs. "Optimiser son capital santé" (alors que le produit contient 40% de sucre), "sucette à 0% de matières grasses" (mais avec 100% de sucre ou presque)... autant d'allégations santé sujettes à caution que l'on peut retrouver sur une profusion de produits.
L'association soutient plusieurs amendements qui seront examinés par le Sénat lors de la discussion du projet de loi de santé publique: suppression des spots TV ciblant les enfants, suppression des distributeurs de produits déséquilibrés dans les établissements scolaires, suppression de la collation matinale en maternelle et augmentation de la taxation des cocktails alcoolisés. |