"Il nous faut, au moment où des marchés gigantesques comme la Chine ou l'Inde vont s'ouvrir, un message des pouvoirs publics, notamment du gouvernement, pour dire que le vin n'est plus celui qu'on a voulu diaboliser par le passé", a déclaré mercredi à l'AFP M. Suguenot qui vient de terminer la synthèse de quatre groupes de travail réunissant parlementaires, professionnels du vin et de santé et représentants des ministères concernés.
Ce Livre blanc devait initialement être remis au Premier ministre le 30 juin. "Le vin est un produit de civilisation et de santé publique qu'il faut défendre en France comme à l'exportation pour répondre à la crise actuelle de la filière viticole", a déclaré M. Suguenot, député-maire UMP de Beaune (Côte d'Or).
La principale revendication, et la plus originale, de ce "Livre Blanc" est de considérer, comme le permet depuis juillet 2003 une loi en Espagne, le vin comme un aliment qui apporte un bienfait au point nutritif. Les auteurs du "Livre Blanc" veulent pouvoir communiquer, s'appuyant sur certaines études scientifiques, sur les bienfaits du "French Paradox", cette manière particulière de s'alimenter, avec une consommation modérée recommandée de 2 verres de vin par jour pour les femmes et de 3 verres pour les hommes, qui serait bénéfique pour la santé, notamment d'un point de vue cardiovasculaire.
L'autre principale revendication du "Livre Blanc" est la possibilité, interdite par la Loi Evin de 1991 et confirmée récemment par les tribunaux, pour les interprofessions régionales de faire de la publicité collective pour contrer la puissance de feu des marques, souvent anglo-saxones, vantant les mérites des whiskies, gins et autres vodkas que les défenseurs du vin accusent de causer plus de dégâts chez les jeunes. Le Sénat a bien adopté le 6 mai dernier un amendement au projet de loi sur le développement des territoires ruraux visant à autoriser une telle publicité.
Mais à la grande déception du "lobby" du vin, ce texte ne pourra être exmaniné par l'Assemblée Nationale lors de la session extraordinaire de juillet. "J'ai reçu une lettre du ministre délégué aux relations avec le parlement Henri Cuq m'assurant qu'il sera inscrit prioritairement au début de la session parlementaire d'automne", révèle M. Suguenot.
Vin et Société, association qui regroupe l'ensemble des organisations professionnelles de vignerons et de négociants, regrette ce report. "Non seulement le problème reste entier, mais toute tentative d'apporter une solution s'oppose à l'hostilité de groupes de pressions peu enclins à trouver un moyen de faire coexister les enjeux de Santé publique avec l'avenir des 240.000 actifs permanents de la filière", souligne Mme Marie-Christine Tarby, vice-présidente de Vin et Société.
L'assouplissement de la loi Evin, même par des voies détournées, "aboutirait à une augmentation de la consommation globale de vin et provoquerait par conséquent une augmentation des dommages sociaux et sanitaires imputables à sa surconsommation", a affirmé mercredi le Dr André Rigaud, psychiatre et responsable de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa). |