"Aujourd'hui, nous ne représentons que 0,5% de la production mondiale. Si notre vin disparaissait, peu de consommateurs s'en apercevraient. Le temps de l'action est donc venu", a affirmé, le président de l'Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais (UIVB), Michel Bosse-Platière, lors d'un point presse, jeudi à Lyon. Première région exportatrice de vin en France, le Beaujolais est touché de plein fouet par la surproduction mondiale du vin, et souffre, comme les autres vignobles, d'une baisse de la consommation en France.
L'interprofession, contrainte, en juin 2002, de déclasser en urgence 100.000 hectolitres de vins d'appellation, avait entamé une réflexion de fond, visant à attirer les consommateurs en garantissant notamment une meilleure qualité des vins. Une large consultation menée auprès des 3.600 exploitants du Beaujolais, a abouti à une charte de 29 mesures, votée par le conseil d'administration de l'UIVB et adoptée, mercredi, par plus de 800 vignerons réunis à Lyon.
Parmi les mesures-phares, figure une réforme de la procédure de délivrance des appellations. L'agrément "appellation d'origine contrôlée" (AOC) sera désormais accordée aux viticulteurs qui auront conclu des contrats de vente, garantissant l'écoulement rapide de leur production, afin d'améliorer notamment le soin apporté à la conservation des vins. Des techniciens salariés seront également introduits aux côtés des professionnels dans les commissions délivrant les appellations, pour garantir une meilleure indépendance.
Les vignerons qui n'obtiendront pas l'AOC, pourront désormais se replier vers des gammes inférieures, "vin de pays" ou "vin de table", une nouveauté pour cette région viticole qui ne produit que des vins d'appellation (Beaujolais, Beaujolais Villages, crus du Beaujolais). Des zones de production mixte (vin de table, vin de pays et AOC) seront instaurées. L'interprofession envisage aussi de redéfinir au cours des dix prochaines années les zones d'AOC, mises en place de façon arbitraire en 1936, ce qui devrait entraîner le "déclassement" de certaines parcelles.
Pour valoriser ses crus (au nombre de 10), l'interprofession propose l'introduction de la notion de "premier cru", un produit d'excellence qui pourra servir de "locomotive" sur les marchés. Le sacro-saint unique cépage de gamay noir à jus blanc, dont est issu le Beaujolais, sera également touché par la réforme, puisque les professionnels comptent expérimenter le métissage des cépages pour diversifier les saveurs du vin.
Enfin des contrôles plus strictes seront effectués pour maîtriser les rendements à la parcelle et les modes de production. L'utilisation de bouchons agglomérés sera interdite. Selon l'UIVB, certains mesures comme celle de l'AOC vont être appliquées dès 2004, tandis que "90%" des autres, le seront "dans les deux ans qui viennent". Le financement du plan est à l'étude. La mise en oeuvre de ces réformes aura néanmoins un coût humain élevé pour les vignerons du Beaujolais, prévoit l'UIVB, qui estime que "5 à 10% des vignerons resteront au bord de la route". En 2003, considérée comme "une petite année" du fait de la sécheresse, le vignoble du beaujolais 850.000 hectolitres de vin. Les professionnels du Beaujolais exportent 51% de leur production. |