Cette mesure est la principale disposition décidée par le gouvernement pour aider la filière à faire face à la baisse de la consommation en France et à la concurrence des vins du "Nouveau Monde". Pour stimuler les ventes, un "effort particulier" sera par ailleurs fait en matière de communication. Les fonds publics destinés à soutenir les actions de promotion pour soutenir les vins français, en particulier à l'exportation, "seront augmentés de 50%", passant de 10 à 20 millions d'euros, selon le ministère.
La possibilité pour le Bordelais et la Bourgogne de produire des vins de pays avec mention du cépage "va contribuer à clarifier et à simplifier la présentation de l'offre française sur les marchés internationaux", a déclaré le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard, à l'issue de cette rencontre avec les représentants des organisations professionnelles de la filière viti-vinicole.
A partir de la campagne 2006, les viticulteurs du Bordelais et de Bourgogne, régions qui produisaient presque exclusivement des AOC, pourront vendre des vins de pays avec la mention du cépage, très prisée par les étrangers, sur l'étiquette (par exemple Chardonnay en Bourgogne, Merlot en Bordelais). En revanche, les AOC ne pourront plus du tout mentionner sur leurs étiquettes la mention du cépage, ce qui était déjà interdit, mais qui était parfois pratiqué.
"C'est une très bonne stratégie", a déclaré à l'AFP Denis Verdier, le président de l'Onivins (Office national interprofessionnel des vins). Le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Christian Delpeuch, a également salué la possibilité donnée au Bordelais et à la Bourgogne de produire des vins de pays avec mention du cépage: "c'est très bien et cela va dans le bon sens", a-t-il déclaré. En revanche, il s'est dit "très déçu" par le reste des mesures annoncées par le ministère. "Il n'y a rien d'extraordinaire", a souligné M. Delpeuch. "La décision d'augmenter de 50% l'aide à la promotion (...) je ne vois pas ce que cela va changer, cela dépendra des moyens financiers qu'il vont mettre en avant".
Au premier trimestre 2004, les exportations françaises ont enregistré une baisse de 7% en valeur et de 4,6% en volume par rapport à la même période de 2003. Sur les dix dernières années, les vins français ont déjà perdu dix points de part de marché dans plusieurs des pays qui constituent leurs principaux débouchés (Grande-Bretagne, Allemagne, Canada), au bénéfice de ceux de l'hémisphère sud (Argentine, Chili, Australie, Afrique du Sud).
D'autres méthodes modernes, et jusqu'à présent prohibées en France, vont être étudiées au cours des prochains mois, comme l'utilisation de copeaux de bois dans les tonneaux pour le vieillissement et une possible irrigation de la vigne, selon M. Verdier. "Pour les copeaux de bois, nous devons obtenir d'abord l'autorisation de Bruxelles et nous voulons que l'utilisation de celle-ci soit mentionnée sur l'étiquette pour ne pas tromper le consommateur", a-t-il déclaré.
M. Gaymard a d'autre part assuré les professionnels que des mesures seraient prises "de façon à gérer au mieux la prochaine vendange", qui s'annonce abondante. En effet, le potentiel de la récolte française de vin en 2004 est estimé à 56,6 millions d'hectolitres, d'après les prévisions établies au 1er juillet par le Service central des enquêtes et études statistiques (SCEES) du ministère. Ce chiffre représente une hausse de 2% par rapport aux cinq dernières campagnes et de 19% par rapport à 2003 (47,6 millions d'hl), année fortement affectée par le gel printanier et la canicule, ce qui risque d'aggraver la crise. |