La vente directe résiste mieux

"Vendre soi-même les produits permet de limer les prix, en cas de grosse chute, on ne subit pas le même impact", souligne Michel Bruneau, un producteur "biologique" de La Réole (Gironde) qui "fait" une ou deux fois par semaine les marchés de Bordeaux. Même écho chez ceux qui vendent à la propriété: "Moi, mes fraises, cette année, je ne les ai jamais proposées en dessous de trois euros", se félicite Patrick Brousse, installé près de Cambes, dans le Lot-et-Garonne. Au plus bas, avec la concurrence de l'Espagne, le kilo de fraises est descendu autour d'un euro, le cours le plus bas de ces dix dernières années.

"Il faut une économie parallèle avec des circuits indépendants", souligne Patricia Juthiaud, fondatrice de "paysans.fr", un réseau de distribution par internet basé à Marmande (Lot-et-Garonne). "A force de déprécier les produits, de mettre le couteau sous la gorge aux producteurs, c'est la qualité de la nourriture qui finit par baisser", assure celle qui livre chaque semaine des "paniers autrement bons" de fruits, légumes, viandes et fromages à 900 clients de la région parisienne et du Sud-Ouest.

Jean-Claude Belloc, un producteur du Lot-et-Garonne qui a affronté jusqu'à 150.000 euros de déficit à l'époque où il travaillait exclusivement avec les centrales de distribution, s'est mis à la vente par internet via paysans.fr, mais aussi aux marchés fermiers, "seuls moyens de survie". "Le métier tel qu'il existe est mort, il faut changer, produire moins, vendre mieux, retrouver les échelles de production de nos grands-parents", assure cet agriculteur de 5O ans qui se dit "de la race des fous de travail".

Car la vente directe exige une disponibilité à toute épreuve: une fois les légumes cultivés, une fois les fruits cueillis, il faut encore se lever à l'aube pour sillonner les marchés ou rester tard, le soir, pour accueillir les clients à la propriété. Cependant, le bénéfice est bien supérieur, alors que les prix sont équivalents ou supérieurs à ceux pratiqués en grande surface. Ainsi, les tomates, achetées 25 centimes par les centrales de distribution, dépassent l'euro au kilo en vente directe. Pour ses "bios", Michel Bruneau vend autour de 2 euros.

Et même si les consommateurs français achètent moins de légumes, la demande reste supérieure à l'offre sur les marchés de terroirs qui jalonnent la vie des villages en été. "S'il y avait plus de maraîchers, de plus grandes quantités se vendraient", souligne-t-on à la chambre d'agriculture de la Dordogne, département qui compte 10.000 agriculteurs, dont 20% pratiquent la vente directe et le quart sur les marchés. Là comme ailleurs, difficile d'obtenir des chiffres précis sur les volumes concernés, car "tout n'est pas toujours déclaré".


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