Cinq personnes - un couple de francophones d'origine maghrébine et leurs deux enfants âgés d'environ 5 ans, ainsi qu'un garçon de 5-10 ans qui aurait joué avec le chien malade le 12 août pendant le festival Fest'Art de Libourne - mais aussi six chiens, restent toujours introuvables. Selon les autorités sanitaires, Tiki, le chiot enragé, "était contagieux entre le 2 et le 21 août, date de sa mort, mais surtout à compter du 10 août".
Or, la durée moyenne d'incubation de la rage est de 30 à 45 jours et elle est d'autant plus courte que la morsure est rapprochée du cerveau. Une fois passée la période d'incubation, l'issue de la maladie est mortelle, souvent par arrêt respiratoire. Les cinq personnes recherchées sont donc potentiellement en danger de mort, si elles ont été contaminées. Depuis trois semaines, les autorités sont donc sur les dents pour déterminer avec exactitude le parcours effectué par le propriétaire du chiot enragé, mais aussi identifier et rechercher les personnes et les animaux qui auraient été en contact avec Tiki.
L'enquête lancée tous azimuts, menant même vers le Maroc ou vers Tahiti, a certes progressé. Ainsi, en deux semaines, 5 personnes ont été retrouvées et immédiatement dirigées vers des centres antirabiques où elles ont été vaccinées. Trois chiens ont aussi été retrouvés. Deux d'entre eux ont été euthanasiés, le troisième ayant déjà été vacciné contre la rage plusieurs mois auparavant. Les analyses des prélèvements effectués sur les deux chiens euthanasiés se sont révélées négatives, écartant ainsi le risque de contamination secondaire.
Mais vendredi, la liste des animaux recherchés s'est allongée, trois autres chiens ayant été vus en contact avec le chiot enragé dans le Lot-et-Garonne, à Miramont-de-Guyenne, le 8 août. Cela porte donc à six le nombre d'animaux recherchés, des chiens qui, selon les communiqués de la préfecture, étaient accompagnés de propriétaires - 7 au total - implicitement recherchés également.
Le préfet d'Aquitaine, Alain Géhin, doit faire face à la fronde des propriétaires de chiens embarqués par la fourrière et par celle des chasseurs de Gironde et de Dordogne. Ces derniers ont en effet mal digéré l'arrêté préfectoral leur interdisant d'utiliser leurs chiens pour la chasse. Dimanche dernier, jour d'ouverture de la chasse, la fête à laquelle ils se préparaient avec impatience a ainsi été gâchée. Les fédérations des chasseurs des deux départements ont donc déposé des requêtes en suspension référé, visant à suspendre cet arrêté jugé par la fédération de Gironde "disproportionné", et "discriminatoire". L'audience au tribunal administratif de Bordeaux a été fixée à lundi.
Quant aux propriétaires d'animaux capturés par la fourrière, ils ont obtenu du préfet la suspension de l'euthanasie automatique. Dorénavant, la décision se fera au cas par cas, les animaux capturés et identifiés dans les huit jours étant vaccinés, placés en quarantaine et restitéus à leurs maîtres s'ils n'ont pas développé la maladie. Malgré cette levée de boucliers, le préfet martèle que "notre priorité, c'est d'éviter la transmission de la rage à un homme, une femme ou un enfant". |