Excédés par la hausse du gazole, les pêcheurs bloquent le port de Marseille

Le soleil se lève sur le port de Marseille. Un chapelet d'une dizaine de petits et gros bateaux bloquent l'entrée de la rade sud, et empêchent depuis quelques heures le débarquement de près de 1.400 passagers à bord des ferries de la SNCM. "On va les laisser passer, on n'est pas des sauvages. Mais aucun ferry ne sortira. S'il le faut, nous allons souder leurs bateaux à quai", promet Mourad Kahoul, président du Comité des Pêches de PACA, qui ne mâche pas ses mots. Dans la cabine du "Provence Côte d'Azur", thonier marseillais, M. Kahoul, n'en finit plus de répondre aux appels des autres pêcheurs pour coordonner le mouvement.


Sur le pont, les marins discutent autour d'un café. "La saison du thon a été si mauvaise qu'actuellement je ne gagne même pas 900 euros par mois, alors que j'ai 49 ans et 20 ans de métier", s'insurge Abdullah Benzina. "On passe 24 heures sur 24 à bord, on part plusieurs mois pêcher en Algérie, à Malte ou en Libye, et à la fin on ne touche même pas le SMIC", confirme Pierre "Pépé" Mannina, la cinquantaine et marin depuis l'âge de 17 ans. Après des "mois de promesses Gaymard", selon M. Kahoul, les pêcheurs méditerranéens, dans la foulée de leurs collègues de la Manche et de la mer du Nord, ont donc décidé de frapper fort lundi afin d'interpeller le ministre de l'Agriculture, en charge de la Pêche. "Les charges augmentent constamment, le fioul représente plus de 30% de mes dépenses, mais les prix du poisson baissent", déplore Angelo Mercelat, qui a navigué 6 heures depuis Sète sur son petit thonier le "Dieu-Mer-si". "Non seulement le fioul est scandaleusement cher, mais son prix varie. Comment expliquer qu'on le paie 0,35 euro à Port de Bouc et 0,50 à Saint-Raphaël ? Nous sommes pris en otage par les pétroliers", lance le patron-pêcheur qui, comme ses collègues, réclame un fioul à 0,25 euro le litre. A 10h00, le blocus est levé provisoirement pour permettre l'entrée des ferries. Une heure plus tard, avec le renfort d'une trentaine de bateaux venus de Sète (Hérault) et Port-Vendres (Pyrénées orientales), les deux passes sont de nouveau bloquées, tout comme l'entrée de Fos-sur-Mer et de son terminal pétrolier. "Nous sommes prêts à rester là aussi longtemps qu'il le faudra", assure M. Mercelat. "Certains ont fait 20 heures de mer, vous croyez qu'ils lèveront le barrage aussi facilement ?", lance M. Kahoul. "Cet après-midi nous allons à la préfecture, demain nous voyons le ministre, nous ne lèverons les barrages que lorsque nous aurons un document signé de sa main répondant à nos demandes, pas seulement des promesses", martèle-t-il.

Partager
Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole