La publicité pour le vin et certains alcools forts autorisée

L'amendement qui casse la "loi Evin" de 1991 interdisant de vanter les qualités de tout produit alcoolisé et qui a été voté par l'Assemblée nationale émane d'un député du parti au pouvoir, l'UMP, Paul-Henri Cugnenc, qui est à la fois viticulteur et médecin. Il est soutenu par des élus de différents groupes, souvent élus de régions viticoles.

Cette nouvelle disposition, qui doit encore être approuvée par le Sénat, indique que la publicité pour le vin "peut comporter des références et des représentations relatives aux terroirs de production, aux distinctions obtenues, aux appellations d'origine et à leurs éléments constitutifs". Une telle publicité peut "peut comporter des références relatives aux caractéristiques qualitatives du produit", donc y compris éventuellement en matière de santé. Les viticulteurs, au nombre d'environ 300 000, mais traditionnellement influents auprès des milieux politiques, se plaignent de la baisse de la consommation -moins 50% en 20 ans-, et de la concurrence effrénée de pays étrangers. Le vin est néanmoins le cinquième produit exporté par la France. Mercredi soir, le rapporteur Yves Coussain a donné des exemples des "qualités objectives" du produit "dont la publicité pourra faire état": "le goût du produit, les conditions de son élevage, les qualités de son terroir d'origine, le type de vigne et de cépage".

Il a souligné en outre que n'étaient concernés par ce dispositif "que les vins ou quelques alcools régionaux, comme le cognac ou l'armagnac", deux eaux de vie à base de raisin du sud-ouest de la France, vendus dans le monde entier.

Le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, lui-même médecin, a expliqué mercredi soir qu'il était défavorable au fait "d'autoriser la publicité (pour le vin) sur des caractéristiques qualitatives". "On ne peut pas donner l'impression de faire de la publicité pour des qualités du vin", a-t-il dit, rappelant qu'en France, chaque année, "45 000 décès sont dus à l'alcool, 2 millions de Français sont dépendants, et (qu'il y a) 5 millions de problèmes médico-sociaux dus à l'alcool". "Le vin, c'est de l'alcool. Il y a autant d'alcool dans un verre de vin que dans un verre de whisky, c'est la taille du verre qui change", explique l'alcoologue Isabelle Sokolow, qui mène depuis longtemps un combat avec ses collègues pour faire reconnaître l'alcoolisme comme une maladie, et qui s'inquiète du manque "criant" de moyens, pour l'enrayer. "Prétendre que c'est bon pour la santé, comme le disent certains députés, d'abord ce n'est pas prouvé, mais c'est de toute façon contre-productif, car cela va entraîner des gens fragiles vers la dépendance", ajoute-t-elle.

Selon Mme Sokolow, qui travaille dans une des rares unités spécialisées, à Saint-Cloud (banlieue parisienne), "il n'y a pas assez de lits, il faut attendre des mois pour hospitaliser" un malade. Le 30 juin, le docteur André Rigaud, responsable de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), avait annoncé l'opposition irréductible des alcoologues à une réforme de la loi Evin. "Un tel assouplissement aboutirait à une augmentation de la consommation globale de vin et provoquerait par conséquent une augmentation des dommages sociaux et sanitaires imputables à sa surconsommation", avait-il déclaré.


Partager
Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole