Mais les prix pour le consommateur ont grimpé, et le hard discount et les "marges arrière" ont explosé. Les marges commerciales des grandes surfaces se sont accrues de plusieurs points pendant cette période protégée, selon les professionnels, avec une hausse continue des marges arrière qui ont augmenté de 3 à 4 points par an pour atteindre actuellement en moyenne 35% du prix des produits, selon les industriels. Ces magasins ont pu embaucher largement, considérablement accroître le nombre de références proposées et multiplier les services aux clients.
Les plus grands groupes, comme Carrefour, se sont appuyés sur les marges françaises pour financer leur expansion internationale. Devenu n° 2 mondial, Carrefour est le premier employeur privé français, avec 128 000 salariés en France, devant Casino (76 000) et Auchan (66 000), quand Nestlé n'en a que 19 000 environ et Danone 12 000.
De leur côté, les industriels de grandes marques ont aussi profité de ce système qui empêche toute concurrence sur les prix pour augmenter régulièrement leurs tarifs, bien plus rapidement que l'inflation, autant pour répondre à la hausse des marges arrière demandées par la distribution qu'à travers une floraison d'innovations pas toujours pertinentes. Autre pratique répandue, les grands industriels imposent souvent toute leur gamme de produits dans les rayons, évinçant les PME des rayons.
Mais la hausse continue des prix des grandes marques, devenus supérieurs d'environ 10% au reste de l'Europe selon les panels comparatifs de fin 2003, a fini par décourager le client: industriels et distributeurs ont subi depuis quelques années un retour de bâton qui peut expliquer leur ralliement récent à une réforme de la loi Galland. Les premiers ont vu la floraison des marques de distributeurs vendues 30% moins chères que les grandes marques, et qui représentent déjà près d'un quart des ventes en valeur et un tiers des volumes. Les grandes enseignes ont elles vu les consommateurs plébisciter les magasins de hard discount, notamment les enseignes allemandes. Les Aldi, Lidl, Ed (groupe Carrefour) ou Leader Price (Casino) sont passées de 900 000 m2 en 1995 à plus de 2 millions de m2 en 2003, et leur part de marché de 4% à plus de 12%. La part de marché des hypermarchés et supermarchés, dont les ouvertures ont été bloquées par la loi Raffarin de 1996, a légèrement diminué à 51,8% pour les hypers et 35% pour les supermarchés, selon l'institut d'étude Sécodip. Les Français restent cependant champions d'Europe des grandes surfaces, avec un niveau record de mètres carrés par habitant. |