Sortis dès le troisième jeudi d'octobre, ces bouteilles ne représentent pourtant qu'une part infime d'une production départementale s'élevant à quelque six millions d'hectolitres, toutes dénominations confondues.
Mais pour les vignerons héraultais, c'est l'occasion de faire connaître un vignoble parfois méconnu. "Il n'y a pas que le Beaujolais dans la vie. En sortant nos bouteilles avant, on a la possibilité de montrer qu'on est capable de faire aussi bien qu'eux", affirme à l'AFP Yves Ezeut, président de la cave des vignerons du Pic, qui rassemble 250 professionnels à Assas, Claret, Saint-Gely-du-Fesc et Baillargues.
Le patron de cette cave, qui produit 60 000 hectolitres dont un cinquième dédié aux appellations d'origine contrôlées (AOC), souligne ainsi la technologie élevée que nécessite, paradoxalement, ce vin facile à boire.
Pour réduire à quelques semaines seulement l'itinéraire de la vigne à la bouteille, les vignerons doivent déployer des moyens techniques importants, notamment pour la maîtrise de la température et la clarification.
Mais, au-delà du discours, la profession locale cherche d'abord, à travers ses vins primeurs, à attirer "un public jeune et tourné vers la fête".
Dans cette optique stratégique, la sortie des primeurs de l'Hérault est d'ailleurs, depuis douze ans, couplée avec une manifestation, en partenariat avec le conseil général, qui présente le vin à l'occasion d'expositions, de concerts ou de conférences organisées dans tout le département.
"Peut-être arriverons-nous un jour à l'exporter un peu plus en dehors de nos frontières en profitant de notre avance sur le Beaujolais, pour gagner des consommateurs toujours friands de nouveauté", estime Jean-Luc Bousquet, un jeune viticulteur de 36 ans, à la tête de 35 hectares à Cabrières et Fontès.
"Ces vins ont une durée de consommation très courte. Mais ils peuvent servir ensuite de produits d'appel pour nos millésimes de garde", ajoute-t-il.
Oenologue à l'Institut coopératif du vin (ICV) de Montpellier, Florence Gras défend aussi la qualité des primeurs héraultais, des vins marqués par des notes "tantôt florales ou fruitées", apportant selon elle, par rapport au Beaujolais, une "touche d'élégance et de légèreté plus marquée".
Issus de cépages différents, essentiellement grenache, syrah et merlot pour le primeur de l'Hérault, gamay pour le Beaujolais, les deux vins "s'apprécient chacun à sa manière", assure-t-elle.
Mais, au petit jeu des comparaisons, les vignerons héraultais font remarquer que leur primeur possède l'avantage de pouvoir être consommé tout au long d'un repas car, contrairement à son illustre concurrent, il ne se décline pas seulement en rouge, mais aussi en blanc et en rosé. |