La commission européenne a en effet refusé le 26 octobre la mise en place d'un "dispositif pilote" de gestion du marché en Bretagne, visant à dégager une partie de la surproduction vers la surgélation, lors des périodes d'engorgement, précise Michael Prigent. Des aides européennes étaient prévues dans le cadre du projet, ajoute-t-il.
"On avait auparavant quelque 35 millions de têtes qui partaient pour le secteur surgelé, mais le volume a été baissé à 13 millions, en faveur d'autres pays européens", indique Loïc Conan.
Aujourd'hui, sans cette régulation, la Bretagne est en situation de surproduction chronique. La moitié de la production bretonne est en trop, soit 500 000 choux-fleurs par jour, affirme Jean-Michel Lesné de la FDSEA d'Ille-et-Vilaine.
En outre, les transformateurs bretons ont dû délocaliser, touchés par la concurrence des pays de l'Est, où la main-d'oeuvre "travaille le double pour quatre fois moins", selon Olivier Fanouillère, des Jeunes agriculteurs d'Ille-et-Vilaine. "La transformation est partie ailleurs, et elle achète où c'est moins cher, forcément", remarque-t-il.
La douceur du climat, qui favorise la croissance du légume et a un impact négatif sur la consommation de choux-fleurs, est également en cause.
Mais "les pertes de marchés sont surtout dues à l'ouverture des frontières européennes, et à l'émergence des pays de l'Est qui ont des coûts de main-d'oeuvre beaucoup moins élevés", ajoute Jean-Michel Lesné.
Au coeur des récriminations, la Pologne, qui emploie une main-d'oeuvre "pour un euro de l'heure, contre 13 à 15 euros de l'heure pour nous", déplore Olivier Fanouillère.
Au final, les producteurs bretons se retrouvent avec un prix de revient de 35 à 40 centimes d'euro par tête de chou-fleur, pour un prix d'achat au producteur à 0,14 euro. Dans les pays de l'Est, les prix de revient sont 2 à 3 fois inférieurs, remarque Olivier Fanouillère. |