Les producteurs bretons repartent au combat

Une délégation de légumiers a rendez-vous au ministère de l'Agriculture vendredi à Paris. Les producteurs de choux-fleurs de toute la Bretagne manifesteront le même jour à Rennes.

Les premiers mouvements de mécontentement ont débuté le 25 octobre avec le déversement en quelques jours par les producteurs du Finistère de plus de 1 000 tonnes de choux-fleurs invendus sur les routes du département. Des actions similaires ont été menées en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes d'Armor.

Elles font suite aux manifestations du printemps 2004 en Bretagne pour, déjà, réclamer une aide de 8 millions d'euros afin de compenser partiellement la chute des prix et les invendus.

"Sur un an, on a perdu un chiffre d'affaire de 100 millions d'euros sur la Bretagne", affirme Michael Prigent, du CDJA (Conseil départemental des jeunes agriculteurs) du Finistère.

Les légumiers étaient finalement parvenus à un accord le 13 mai avec le ministère de l'Agriculture sur des compensations financières.

"On n'a pas tout eu, et surtout, la promesse qui nous avait été faite de soutenir le secteur de la transformation, et notamment la surgélation, n'a pas été tenue", déplore Loïc Conan, de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) des Côtes d'Armor.


La commission européenne a en effet refusé le 26 octobre la mise en place d'un "dispositif pilote" de gestion du marché en Bretagne, visant à dégager une partie de la surproduction vers la surgélation, lors des périodes d'engorgement, précise Michael Prigent. Des aides européennes étaient prévues dans le cadre du projet, ajoute-t-il.

"On avait auparavant quelque 35 millions de têtes qui partaient pour le secteur surgelé, mais le volume a été baissé à 13 millions, en faveur d'autres pays européens", indique Loïc Conan.

Aujourd'hui, sans cette régulation, la Bretagne est en situation de surproduction chronique. La moitié de la production bretonne est en trop, soit 500 000 choux-fleurs par jour, affirme Jean-Michel Lesné de la FDSEA d'Ille-et-Vilaine.

En outre, les transformateurs bretons ont dû délocaliser, touchés par la concurrence des pays de l'Est, où la main-d'oeuvre "travaille le double pour quatre fois moins", selon Olivier Fanouillère, des Jeunes agriculteurs d'Ille-et-Vilaine. "La transformation est partie ailleurs, et elle achète où c'est moins cher, forcément", remarque-t-il.

La douceur du climat, qui favorise la croissance du légume et a un impact négatif sur la consommation de choux-fleurs, est également en cause.

Mais "les pertes de marchés sont surtout dues à l'ouverture des frontières européennes, et à l'émergence des pays de l'Est qui ont des coûts de main-d'oeuvre beaucoup moins élevés", ajoute Jean-Michel Lesné.

Au coeur des récriminations, la Pologne, qui emploie une main-d'oeuvre "pour un euro de l'heure, contre 13 à 15 euros de l'heure pour nous", déplore Olivier Fanouillère.

Au final, les producteurs bretons se retrouvent avec un prix de revient de 35 à 40 centimes d'euro par tête de chou-fleur, pour un prix d'achat au producteur à 0,14 euro. Dans les pays de l'Est, les prix de revient sont 2 à 3 fois inférieurs, remarque Olivier Fanouillère.

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