L'éthanol (produit à partir de betterave, de blé et de canne à sucre) est utilisé pour les moteurs essence et le biodiesel ou diester (oléagineux) sert aux moteurs diesel.
"Aujourd'hui, les besoins sont beaucoup plus forts pour le diester que pour les éthanols, le marché de l'essence représente un tiers de celui du gazole et ne cesse de décliner", affirme le directeur général de l'Union française des industries pétrolières (UFIP), Jean-Louis Shilansky.
La "diéselisation" du parc automobile est patente, plus de 70 % des voitures neuves vendues en octobre fonctionnaient au diesel, selon des chiffres du comité français des constructeurs automobiles (CCFA). Sur l'ensemble du parc, la part était de 43 % des voitures en circulation au 1er janvier 2004, selon le CCFA.
"Aujourd'hui, la France est déficitaire en gazole et excédentaire en essence", selon Jean-Louis Shilansky.
Les raffineurs français ont assez peu anticipé la montée en puissance du diesel dans le secteur automobile, selon des spécialistes du secteur. Aujourd'hui, leurs capacités de raffinages en diesel sont inférieures à la demande, tandis qu'elles sont excédentaires en essence. Intégrer de l'éthanol dans l'essence contribuera à accroître cet excédent dans la mesure où changer. Le type de production des raffineries prend des années.
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a présenté le 7 septembre un plan visant à tripler la production de biocarburants d'ici à 2007, par la construction de "l'équivalent" de quatre usines d'une capacité de 200 000 tonnes par an chacune.
La production française devrait ainsi être portée à 1,25 million de tonnes en 2007. Cela triplera du même coup la surface agricole pour les biocarburants, soit un million d'hectares.
Un des enjeux pour les pétroliers est de faire pencher la balance de cet accroissement en faveur du biodiesel, au détriment de l'éthanol.
"Investissons dans la bonne filière", martèle Jean-Louis Shilansky, ajoutant qu'un "industriel doit miser sur un marché en croissance, pas sur un marché en régression".
La décision finale sur la nature des biocarburants produits sera annoncée au printemps 2005.
La situation à plus long terme est encore plus confuse. En effet, dans l'hypothèse du respect de la directive européenne prévoyant 5,75 % de biocarburants dans les carburants classiques en 2010, la production française devrait passer de 357 000 de biodiesel aujourd'hui à 2,4 millions de tonnes en 2010.
Or selon un porte parole de la Filière des huiles et protéines végétales (Prolea), la France ne sera capable alors de produire qu'environ un million de tonnes de biodiesel. |