Le vin qui vaut son pesant d'or

D'où la fébrilité du petit groupe de gastronomes réunis vendredi dans un trois étoiles parisien au moment de participer à une rare séance de dégustation du précieux nectar autrefois servi à la table des rois de France.


Parmi les "100 vins qu'il faut goûter avant de mourir", sélectionnés par le magazine britannique spécialiste du vin Decanter, trois des dix premiers provenaient du Domaine de la Romanée Conti.

"La Romanée Conti est gracieuse, élégante, féminine", estimait Aubert de Villaine, copropriétaire et directeur du Domaine de 25 hectares, devant l'assemblée alors que les sommeliers servaient précautionneusement un cru de 33 ans d'âge.

En revanche, La Tache, un autre des sept grands crus produits par le Domaine, est qualifié de "masculin, virilement aristocrate, comme un portrait de Richelieu en grand apparat", ajoutait M. de Villaine. La référence peut sembler prétentieuse mais pas tellement inadaptée puisque Richelieu a sûrement bu de ces vins-là, souligne-t-il.

Aucun vin ne symbolise mieux son terroir -au sens où le vin est le résultat d'un sol et d'un climat bien plus que d'un cépage et un type de vinification- que la Romanée Conti.

Celle-ci provient d'une parcelle vallonnée de 1,8 ha considérée comme un micro-environnement idéal pour le pinot noir, le cépage des meilleurs bourgognes rouges.

Peter Thustrup, négociant en vins rares, qui a récemment vendu une bouteille de Romanée Conti 1940 à un client japonais pour un million de yens (environ 7 700 euros), souligne que "la stratégie marketing extrêmement sophistiquée" du Domaine est fondée en partie sur la rareté.

Le Domaine propriété produit moins de 100 000 bouteilles par an, dont seulement 3 à 6 000 de la fameuse Romanée Conti, si bien que la demande est largement supérieure à l'offre, en dépit de prix supérieurs à ceux de l'or.

En France, les vins sont classés en fonction de leur terroir, sous le contrôle de l'Etat, mais un mouvement se dessine pour inciter les vignerons à créer une nouvelle catégorie de vins de qualité répondant à des critères sévères de techniques de culture et de vinification.

Toutefois, en période de surproduction française et de concurrence du Nouveau Monde, cette évolution est difficile à admettre. Pendant le déjeuner, des connaisseurs signalaient des détails qui échappent au consommateur moins averti. Ainsi, dans une encoignure, un sommelier mesurait discrètement à l'aide d'un thermomètre que la température de deux bouteilles de Grand Eschezeaux (autre vin du Domaine) était bien de 15°. Le vin, expliquait-il, doit être servi exactement à 16°.

Chaque millésime d'un grand vin a sa propre saveur, qui évolue au fil des ans. "Plus encore, deux bouteilles de la même année, de la même parcelle, peuvent avoir des goûts différents", selon Thustrup. Ces différences imprévisibles sont une calamité pour les gros producteurs mais contribuent aux "charme des fins vins", ajoute-t-il.

Alain Senderens, chef triplement étoilé du Lucas Carton où se tenait cette dégustation, a expliqué qu'il avait passé des nuits à élaborer un menu assorti aux vins, ou plutôt "au service du vin".

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