Le biocarburant qui pourrait requinquer les producteurs de maïs

"La naissance d'une filière de production d'éthanol ne résoudrait pas tous nos problèmes mais permettrait d'absorber une partie des surplus", explique Pierre Dartaud, producteur de maïs dans les Pyrénées-Atlantiques et responsable au sein de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM).

L'entrée dans l'Union européenne de la Hongrie, un gros producteur de maïs, et une récolte pléthorique cette année ont fait chuter les prix, selon Pierre Dartaud qui indique avoir vendu sa production 25 % moins cher qu'en 2003.

D'où l'empressement de deux syndicats agricoles d'Aquitaine, la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA), de trouver de nouveaux débouchés alors que le quart de la production nationale se fait dans la région, en premier lieu dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.

Installé à Montardon près de Pau, l'AGPM planche très sérieusement sur un projet d'usine de production d'éthanol à partir du maïs, qui serait capable de produire 1,26 million d'hectolitres d'éthanol par an en utilisant 314 000 tonnes de céréales.

Ce biocarburant peut être utilisé comme additif à l'essence sans plomb sans qu'aucune modification ne soit à apporter aux véhicules. L'éthanol est déjà couramment utilisé au Brésil comme carburant où il est produit à partir de la canne à sucre.

La technologie est prête tandis que dans la région, le site de Lacq (Pyrénées-Atlantiques) qui songe à sa reconversion après extinction des gisements de gaz d'ici dix ans, est tout trouvé pour installer la nouvelle usine, argumente Claude Lacadée, directeur adjoint de l'AGPM.

"Le site est déjà classé Seveso II et la matière première, alentour, est abondante", souligne-t-il.

La volonté affichée par le Premier ministre Jean-Pierre Rafarin de mettre sur pied d'ici à 2007 une véritable filière de biocarburants en France avec un triplement de la production d'ici cette date, a donné un coup d'accélérateur au projet.

Le gouvernement a annoncé qu'il y avait la place dans le pays pour quatre usines de production de biocarburants. Le choix des sites de production doit se faire au printemps après un appel d'offre.

Aussi l'AGPM s'active pour boucler au mieux son projet. Un partenaire industriel a été trouvé avec la société espagnole Abengoa, présentée comme premier producteur européen d'éthanol.

L'éthanol disposent d'atouts écologiques indéniables face aux hydrocarbures : il rejette bien moins de CO2 et est une énergie renouvelable tandis que les résidus du maïs peuvent être utilisés pour l'alimentation animale.

Son seul problème est un coût encore relativement élevé même après la flambée des prix pétroliers. Deux amendements ont été adoptés en première lecture par le Parlement pour aider fiscalement à l'essor de la filière.

Lors d'une réunion de sensibilisation de la profession agricole et des élus locaux sur le projet de l'AGPM, le président des Jeunes Agriculteurs Bernard Layre a souligné que ces deux amendements étaient un "bon départ".

Mais une "partie de bras de fer se joue actuellement avec les raffineurs" a-t-il souligné, faisant remarquer que les deux amendements, conçus dans le cadre de la Loi de finances 2005, doivent encore recevoir une approbation définitive.