Depuis 1991, la loi Evin réglemente la publicité sur le vin, mais les professionnels estiment que les campagnes sanitaires de prévention contre l'alcoolisme ont jeté un "climat de suspicion" sur le vin, aggravant la crise de la filière viti-vinicole.
Ce "Conseil de la Modération" de la communication sur le vin devrait "avoir la compétence d'examiner toutes les campagnes de promotion pour le vin ou de prévention anti-alcoolique", explique son promoteur, le député-maire UMP de Côte d'Or Alain Suguenot.
"Nous avons déjà remporté un super-succès sur la "pensée unique" en obtenant la création de ce conseil", s'est félicité Alain Suguenot qui en avait fait accepter l'idée au Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin lors de la remise d'un "Livre Blanc" de parlementaires sur le sujet.
Mais les professionels du secteur, furieux de l'interdiction de deux campagnes pour les vins de Bourgogne et de Bordeaux, attendent avant de se prononcer, que le gouvernement en précise les missions.
Vin et Société, l'association regroupant l'ensemble des organisations professionnelles de vignerons et négociants, "entend que le gouvernement s'engage à apporter des solutions concrètes", selon son président Xavier Carreau.
Il rappelle que "ces derniers mois, ces mêmes promesses avaient été faites par le Premier Ministre et le précédent ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard" et que les professionnels seront "extrêment vigilants".
Face au lobby viticole, le président d'une des plus importantes associations de prévention de l'alcoolisme, le Dr Alain Rigaud, tout en reconnaisant la crise du secteur, estime que le lobby "fait de la désinformation, car la loi actuelle autorise la publicité collective pour le vin".
L'Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie (ANPAA) juge "inutile" un assouplissement de la loi "pour communiquer sur la qualité des produits", rappelant que la publicité faisant référence à des terroirs (vins de Loire, de Bourgogne...) est parfaitement licite.
Le lobby parlementaire viticole et les associations de viticulteurs n'entendent pas se contenter de ce "Conseil de la Modération" et veulent un aménagement de la Loi Evin pour autoriser la publicité sur les qualités spécifiques du vin.
Vin et Société attend un engagement ferme de Dominique Bussereau en faveur d'un aménagement législatif, qui sera discuté au Sénat en janvier, affirme Xavier Carreau en attendant la rencontre le 14 décembre entre la filière et le ministre de l'Agriculture.
Cet aménagement, espère l'association, doit permettre aux viticulteurs et négociants de continuer à exprimer la diversité des vins en France et de valoriser la richesse des terroirs. En ce sens, l'évolution de la Loi Evin serait "un premier pas dans l'élaboration d'une politique globale en faveur d'une consommation modérée et responsable du vin", estime Xavier Carreau.
Le Premier ministre avait prévenu le 28 octobre dernier qu'il "s'opposerait" à cet amendement. Mais l'Assemblée nationale avait adopté en deuxième lecture du texte sur les territoires ruraux, un amendement qui permettrait de promouvoir "le goût" du vin, "les conditions" dans lesquelles il a été fabriqué ou "le type de vigne ou de cépage". |