L'adolescent peut devenir rapidement "accro" à la cigarette

"Même avec de petites quantités, la dépendance arrive très vite", a souligné Didier Jayle, président de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) à l'occasion de la présentation, mardi 10 février 2004, de deux expertises complémentaires sur la dépendance au tabac et la prise en charge du tabagisme des étudiants.

L'Inserm (recherche médicale) a réalisé ce travail à la demande de la Mildt et de la Mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN) vu l'importance du tabagisme chez les adolescents et les jeunes adultes, et les difficultés éprouvées par ceux qui souhaitent s'en affranchir. "Les trois quarts des adolescents qui font des tentatives d'arrêt échouent", relèvent les experts qui "recommandent de favoriser l'accès aux consultations de tabacologie et aux soutiens psychologiques associés" et "d'envisager le remboursement des aides au sevrage" pour les aider.

"Le tabac est un produit extrêmement addictif pour certaines personnes, comme l'héroïne ou la cocaïne, un produit de satisfaction qui déclenche progressivement un besoin compulsif qui n'est pas propre à l'homme", a rappelé Jean-Pol Tassin, spécialiste de neurobiologie. Les experts soulignent la nécessité des recherches, notamment sur la dépendance que d'autres molécules que la nicotine pourraient contribuer à mieux expliquer et combattre afin d'obtenir des traitements plus efficaces que ceux actuellement disponibles.

Chez les jeunes, pour lesquels un usage moindre du tabac suffit pour installer la dépendance par rapport aux adultes, il s'agit d'abord de "prévenir le tabagisme", de "retarder l'initiation à la cigarette". La précocité du début et la durée du tabagisme rendent en effet plus difficile l'abandon. D'après les données d'une enquête en milieu scolaire, baptisée Espad, 72% des jeunes de 16 ans ont fumé du tabac au moins une fois au cours de leur vie et 6% sont des fumeurs actuels d'au moins 11 cigarettes par jour.

Reconnu comme la première cause de mortalité pouvant être prévenue, le tabagisme tue néanmoins 60.000 personnes chaque année. Le tabagisme est responsable d'un décès par cancer sur trois. "Quelques cigarettes, à partir de deux par jour, peuvent suffire à engendrer la dépendance en quelques mois et là, le rôle de l'entourage familial est absolument essentiel", a commenté M. Jayle en préconisant d'intervenir pour "protéger l'asdolescent même si ça peut l'énerver". Sinon "plus tard, il nous le reprochera", a-t-il dit.

En matière de substituts nicotiniques (timbres, gommes à mâcher...), "très souvent, les prescripteurs et les fumeurs utilisent des doses et une durée inférieures à ce dont ils ont besoin", constate le pharmacologue Ivan Berlin. En pratique, la durée recommandée de six mois n'est souvent pas suffisante, selon lui. D'ailleurs, aucun substitut ne fait aussi bien que la cigarette, note-t-il en décrivant "l'effet flash de la cigarette" marqué par "la rapidité d'absorption dans les poumons et l'arrivée au cerveau en moins de dix secondes" de la nicotine.


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