L'initiative intervient alors qu'on "constate une baisse généralisée des prix de ces produits sur les marchés", a indiqué Poul Nielson, commissaire européen au Développement. "La stratégie est une réponse à une demande des pays en développement qui veulent que la question des prix des matières premières soient retraitée", a souligné Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce.
Cette attente, en particulier celle des pays africains producteurs du coton, avait été au centre des négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en septembre à Cancun, a souligné le commissaire. L'incapacité des pays développés et notamment des Etats-Unis, qui subventionnent massivement leur secteur cotonnier, à répondre aux demandes des pays africains avait contribué à l'échec de la conférence de Cancun.
Le plan de la Commission prévoit notamment une révision, en accord avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), du mécanisme "Flex" qui permet des compensations en cas de baisse des rentrées fiscales des états à la suite d'un recul des recettes d'exportation. Le critère "d'éligibilité" au système Flex devra être assoupli et les pays enclavés seront avantagés. La mesure profitera en particulier aux producteurs africains de coton, comme le Tchad et Burkina Fasso, qui n'ont pas d'accès direct à la mer. Pour être opérationnelle, la décision devrait être approuvée par le Conseil UE-ACP.
Bruxelles propose aussi une augmentation de l'assistance financière et technique à ces pays pour la diversification et la montée en qualité de leurs produits. Une enveloppe de 80 millions d'euros est débloquée, dont profitera notamment la filière coton. La Commission entend aussi aider ces pays à promouvoir les produits de marques et les appellations d'origine (comme le thé de Darjeeling) ce qui leur permettra de relever leurs prix de vente à l'étranger.
Sur le plan commercial, l'UE, qui a déjà éliminé ses droits de douanes sur la quasi-totalité des importations en provenance des pays les mois avancés, avec l'initiative "Tout sauf les armes", propose que des pays riches comme le Japon et les Etats-Unis et des grands pays émergents comme le Brésil en fassent autant, a indiqué M. Lamy.
La Commission propose une réduction, dans le cadre de l'OMC, des droits de douanes sur leurs exportations de produits transformés et industriels (comme les fils de coton et les textiles) en provenance de ces pays. Bruxelles se dit également "prête à éliminer les subventions à l'exportation sur les produits qui intéressent les pays en développement", dans le cadre des négociations à l'OMC, a souligné M. Lamy.
L'UE entend en particulier "soutenir" la demande formulée à l'OMC par quatre pays producteurs de coton d'Afrique centrale (Mali, Bénin, Burkina Faso et Tchad) pour une "élimination de toute forme de soutien a l'exportation", a ajouté M. Lamy. La demande vise essentiellement les Etats-Unis qui subventionnent massivement leurs producteurs.
La marge d'action propre de l'UE sur le coton est faible puisque sa production est maigre et que ses producteurs, essentiellement grecs, ne reçoivent aucune subvention à l'exportation, même s'ils bénéficient d'aides importantes pour maintenir une activité non compétitive. |