Le commissaire européen à l'Agriculture, Franz Fischler, s'est dit prêt à discuter de l'élimination des subventions aux exportations agricoles sur tous les produits, alors que Bruxelles n'envisageait jusqu'à présent une telle mesure que pour des produits d'intérêt spécifique pour les pays en développement (PED).
Les PED accusent les quelque 300 milliards de dollars de subventions agricoles versées chaque année par les pays riches de désavantager leurs exportations. Ils exigent qu'une date soit fixée pour leur élimination. Leur mécontentement est largement à l'origine de l'échec, en septembre dernier, de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun (Mexique).
Lors d'une conférence de presse à Genève, M. Fischler a rappelé que l'UE avait alors proposé aux PED de lui fournir une liste de produits sur lesquels ils réclament la fin des subventions à l'export. "C'est à eux de dire quels produits les intéressent, et s'ils disent tous les produits, alors nous devrons ouvrir la discussion aussi là-dessus", a admis le commissaire.
M. Fischler a toutefois posé comme condition que, dans la négociation, "le parallélisme soit garanti" avec les autres formes de soutien à l'exportation, c'est-à-dire l'aide alimentaire et les crédits à l'exportation offerts aux agriculteurs américains. Le mois dernier, le représentant américain pour le Commerce, Robert Zoellick, s'est rallié à la demande des PED d'éliminer les subventions à l'exportation et annoncé que les Etats-Unis "peuvent accepter d'éliminer l'élément subventions de leurs crédits à l'exportation".
Mais M. Fischler a indiqué que l'UE s'efforcerait d'évacuer toute ambiguité dans ce domaine. "Nous devons discuter avec nos amis américains de ce que signifie élément subventions des crédits à l'export", a-t-il dit. "Cela devra être clarifié par la négociation". Le commissaire européen s'est entretenu en début de journée avec les représentants de sept puissances agricoles (Etats-Unis, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Brésil, Inde et Ile Maurice pour le groupe Afrique), au début d'une semaine de négociation agricole, la première depuis Cancun.
M. Fischler a indiqué que ses interlocuteurs partageaient le même "engagement fort" de relancer le cycle de Doha, qui doit théoriquement être conclu à la fin de l'année, et avaient tous souligné "la nécessité de faire preuve de davantage de souplesse", dans l'espoir d'arriver à un accord sur les modalités de la négociation avant la fin juillet. Les 146 pays membres de l'OMC se sont ensuite retrouvés pour désigner formellement l'ambassadeur de Nouvelle-Zélande, Tim Groser, comme président du comité des négociations agricoles. M. Groser a rapidement levé la séance pour permettre aux délégations de négocier entre elles. D'autres séances plénières sont prévues mercredi et vendredi. |