"Je crois que tout le monde autour de la table est engagé à travailler dur et à bouger, et à faire les compromis dont nous avons besoin pour, d'ici juillet, compléter 50% de l'agenda de Doha", a déclaré le chef négociateur européen Pascal Lamy, à l'issue d'une réunion ministérielle de l'OCDE, en grande partie consacrée au dossiers commerciaux.
Cette réunion ministérielle de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) précédait une réunion "mini-ministérielle" de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) également à Paris vendredi. Les bases d'un accord sur l'agriculture sont quasiment réunies, a affirmé une source européenne, notant que la proposition de l'UE, avancée lundi, de mettre sur la table l'élimination de ses subventions aux exportations agricoles, avait fait souffler une "brise d'espoir".
Désormais, les Américains, les Européens, et les grandes puissances agricoles comme l'Australie et le Canada, semblent déterminés à supprimer, dans un calendrier et des modalités qui restent à déterminer, leurs soutiens aux exportations agricoles. Ces aides sont accusées de fausser le commerce mondial et d'empêcher ainsi le développement agricole dans les pays du Sud.
Le représentant américain au commerce Robert Zoellick a affirmé que les Etats-Unis étaient prêts à "discipliner" leurs aides sous la forme de crédits à l'exportation, et à cesser d'utiliser l'aide alimentaire à des fins commerciales. "Nous n'avons pas de temps à perdre", a lancé le directeur général de l'OMC, Supachai Panitchpakdi, rappelant qu'il fallait trouver un accord cadre avant juillet sur les modalités de la négociation, pour espérer parvenir à un accord précis et chiffré avant la fin de l'année.
Rendant compte des travaux de la réunion de l'OCDE, le ministre mexicain des Affaires étrangères Luis Ernesto Derbez a lui aussi noté des progrès, en particulier sur l'agriculture et sur les sujets dit "de Singapour". "Il y a eu des signes encourageants (sur l'agriculture), mais beaucoup de travail doit encore être fait avant juillet, a dit le ministre mexicain. "Sur les sujets de Singapour", la présidence a senti émerger un accord parmi les membres de l'OMC", a dit M. Derbez, qui ne devraient plus négocier que sur la facilitation des échanges.
Ces questions suscitent une grande méfiance parmi les pays en développement. Les plus grands d'entre eux, Chine, Brésil et Inde, réunis au sein du G20, sont mis sous pression par le mouvement euro-américain sur l'agriculture. La suppression des soutiens à l'exportation des produits agricoles est en effet leur principale revendication dans cette négociation. Mais les Européens et les Américains ont signifié qu'ils attendaient des gestes concrets de leur part en matière d'ouverture des marchés, c'est à dire de diminution des droits de douane, y compris dans le domaine agricole.
"Je suis confiant dans le fait qu'ils vont prendre toute leur part dans la négociation agricole", a dit Robert Zoellick, en estimant ainsi que le G20 devait faire ses propositions pour favoriser l'accès aux marchés agricoles. "Nous allons faire une proposition là-dessus, début juin", a assuré le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim, en rappelant son désaccord avec le système de diminution des droits de douanes proposés par les Européens et les Américains. Celso Amorim a estimé qu'il y avait "8 chances sur 10 d'arriver" vendredi à Paris, à l'issue des réunions prévues, à un déblocage des discussions de Doha, paralysées depuis le fiasco de la conférence de Cancun en septembre 2003. |