Les scieries d'Aquitaine dans une zone de turbulences

Déjà, de nombreuses scieries ont dû mettre la clé sous la porte. "Une vingtaine ont disparu en un an et demi, dans les Landes et en Gironde", selon Jean Servy, président du syndicat des exploitants forestiers et scieurs de la Gironde. Mais la crise pourrait continuer à être fatale aux entreprises - familiales ou PME - les plus fragiles. De son côté, le groupe Gascogne, très implanté dans les Landes, a annoncé son intention de se séparer de sa branche bois.

La filière bois Aquitaine n'en finit donc pas de connaître des soubresauts, après la tempête de l'hiver 99 qui a dévasté 200.000 hectares de forêt - constituée à 95% de pins maritimes - dont 150.000 en Gironde. La tempête a eu toutefois un effet pervers : il a fallu débiter les pins au sol, un bois peu cher, souligne Christian Pinaudeau, le secrétaire général du syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, qui a alimenté les scieries locales.

Or, la dégradation des chablis (bois mort) a conduit les scieries à revenir à des bois sur pied, dont le cours est reparti à la hausse. Aujourd'hui, indique Jean Servy, "le prix du m3 sur pied équivaut au prix d'avant-tempête". Dans le même temps, "nos coûts de revient ont augmenté de 25 à 30%", précise-t-il, en raison de contraintes sociales, techniques ou environnementales.

Les scieries ont donc vu leur marge fondre. Parallèlement, le marché du bois s'est tendu avec la concurrence du sapin et de l'épicéa en provenance des Vosges notamment, dont le prix a chuté ces dernières années, et celle des résineux d'Amérique du Sud ou d'Europe de l'Est. Dans ce contexte, les entreprises les plus vulnérables ne résistent pas.

Les restructurations sont donc indispensables. "Si on ne veut pas se faire foutre dehors, il faut faire aussi bien et au même prix" que nos concurrents, dit Jean Lesbats, président de la Fédération des industries du bois d'Aquitaine. Par ailleurs, explique M. Servy, "ceux qui resteront auront l'obligation d'investir de très grosses sommes", pour être au "top" de la technologie. Les petits risquent d'en faire les frais, à moins "de rester dans de très petits créneaux" industriels, souligne M. Lesbats.

Mais l'avenir n'est pas forcément sombre. Car l'Aquitaine dispose d'atouts considérables : un massif forestier exceptionnel, un savoir-faire, et "un marché du résineux en expansion", selon M. Pinaudeau, qui au terme de "crise" dans la filière bois, préfère celui de "mutation". Reste que les professionnels réclament avec force une "contractualisation" des ventes de bois - un pourcentage des lots étant réservé aux entreprises locales - et l'application des règles sur le transport, portant sur le tonnage transporté.

Par ailleurs, conclut M. Pinaudeau, un effort particulier doit être fait sur la recherche de nouveaux marchés - habitat, décoration - comme sur celui de la promotion du bois. "Dans un monde qui privilégie la qualité de vie et l'environnement, nous avons des atouts à faire valoir", dit-il, rappelant que le bois est le seul matériau renouvelable naturellement. "Ceci devrait nous aider à reconquérir des parts de marché", espère-t-il.


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