L'accord Sarkozy sur les prix, un affichage sans grand effet économique

"Une initiative bizarre et incompréhensible": tel est le jugement de l'économiste Henri Sterdyniak, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) sur l'accord visant à faire baisser les prix des produits de marque dans la grande distribution de 2% à partir de septembre. Depuis qu'elle a mis fin au contrôle des prix en 1979, et dans un contexte de dérégulation de l'économie, la France s'est bien gardée d'intervenir dans ce domaine, sauf en 1983, lorsque le gouvernement Fabius a décrété un gel temporaire des prix et salaires pour contrecarrer une inflation galopante.

"Dans une situation où il y a très peu d'inflation, la tentative de M. Sarkozy pour tenter de faire baisser les prix dans la grande distribution relève plus de l'affichage, et permettra sans doute à certains grands distributeurs de se faire de la publicité", estime M. Sterdyniak. Au niveau économique, "cela risque d'être fictif, car comment faire en sorte que des prix qui varient tout le temps, comme les produits alimentaires ou industriels, baissent de 2% ? Qui va payer, et comment va-t-on pouvoir le mesurer ? Au final, il ne devrait pas y avoir de baisse de prix", estime-t-il.

Selon M. Sarkozy, qui s'est engagé à mettre en place un "indicateur de suivi" de l'évolution des prix dans la grande distribution, cet accord, tout comme ses mesures sur les droits de mutation ou les crédits à la consommation, doivent permettre de soutenir la consommation et, in fine, la croissance. "La démarche affichée par M. Sarkozy est un peu naïve, car ce n'est pas le ministère de l'Economie qui décide des prix. Mais il a aussi besoin d'affichage pour justifier son action politique", souligne un autre économiste.

"Cela aura au mieux un effet marginal sur la consommation, et l'impact sera difficile à quantifier", estime Nicolas Claquin, économiste au CCF. Pour ce dernier, si les prix baissent effectivement de 2% dans la grande distribution, cela se traduira "au maximum par une baisse de 0,3% de l'indice général des prix". "C'est plus symbolique qu'autre chose, et cela ne va pas modifier le pouvoir d'achat des Français. Tout juste cela peut-il avoir un impact psychologique, au moment où ils ont une perception de l'inflation très élevée", concède-t-il. "Cela ne risque pas de changer grand chose sur la consommation, qui dépend surtout de l'état du marché du travail", confirme Alain Henriot, responsable de la division analyse et prévisions du Centre d'observation économique (COE).

Pour ces économistes, les problèmes posés dans la grande distribution vont bien au delà des prix. "Le problème principal est celui du manque de concurrence, car la loi limite le nombre des hypermarchés; c'est donc une sorte d'oligopole où les distributeurs peuvent faire leurs marges", note M. Henriot. M. Sterdyniak souligne de son côté que "le problème est à l'inverse de cet accord: les prix de la grande distribution sont trop bas". "La grande distribution, qui va se fournir principalement dans les pays à bas salaires, fait baisser les prix dans tous les pays. C'est favorable aux consommateurs, mais cela favorise les délocalisations, étrangle les producteurs et locaux et favorise le chômage", explique-t-il.


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