"Le Japon doit, comme nous tous, ouvrir un peu plus son marché y compris dans des domaines sensibles comme le riz, le boeuf, le sucre, les chaussures, le cuir et le poisson", a déclaré M. Lamy en réponse à une question d'un étudiant à l'Université catholique Sophia de Tokyo.
M. Lamy, en visite dans l'archipel pour un sommet Japon-UE, a rappelé que le Japon et l'Union ont dans le cadre du cycle de négociations en cours de l'OMC des préoccupations communes quant à la préservation de leur patrimoine agricole.
"L'Union européenne, comme le Japon, ne s'excusent pas d'avoir une politique agricole. L'agriculture, n'est pas le charbon ou les gadgets. Elle concerne la protection, la préservation et le développement d'un mode de vie rural traditionnel, d'un paysage unique et, de fait, des paysages de nos deux sociétés", a-t-il lancé.
"Il n'y a pas de mal à cela, la vie agricole a le droit d'être préservée, que ce soit en Europe, en Inde, au Japon ou aux Etats-Unis", a-t-il insisté ajoutant que ce dernier pays, "bien qu'il ait des exploitations agricoles plus grandes, plus compétitives, déverse autant de subventions à l'agriculture en pourcentage de son PNB que nous le faisons".
L'agriculture est traditionnellement pour les pays membres de l'OMC une des questions les plus épineuses. Elle oppose souvent l'UE et le Japon d'un côté et les Etats-Unis et le groupe de Cairns de 17 grands pays exportateurs de l'autre.
Le Japon impose des droits de douane de quelque 490% en moyenne sur le riz pour protéger de la concurrence internationale sa riziculture réduite et non compétitive. Les Etats-Unis, important producteur de riz, lui demandent régulièrement d'ouvrir son marché.
L'Archipel est cependant depuis 1984 le premier pays importateur net de produits agricoles. Son taux d'auto-suffisance alimentaire est le plus faible de tous les pays développés.
M. Lamy a par ailleurs appelé le Japon "généralement très ouvert aux produits industriels", à ouvrir son marché aussi aux services, à la distribution, aux télécommunications et services financiers.
"Ma dernière recommandation serait que le Japon se concentre un peu plus qu'il ne le fait sur les pays les plus pauvres de la planète", a conclu M. Lamy en rappelant que "le riz est très communément cultivé dans les pays pauvres".
Il a rencontré mardi le ministre japonais de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche Yoshiyuki Kamei pendant une cinquantaine de minutes.
Les deux responsables se sont accordés sur la nécessité de poursuivre la coopération entre le Japon et l'UE en vue de parvenir à un accord cadre sur les modalités de la négociation du cycle de Doha d'ici fin juillet et d'"accorder une attention particulière aux produits agricoles sensibles" tels que le riz et les produits laitiers. |
