"Je pense que, au bout de deux ans, il est impératif d'obtenir des progrès dans le cycle de Doha. J'ai détecté des signes clairs d'engagement politique et de flexibilité de la part des pays membres", a-t-il dit dans cet entretien à La Tribune, accordé en marge d'une réunion informelle à Paris de 5 grands acteurs de l'OMC (Etats-Unis, UE, Inde, Brésil, Australie). Celle-ci s'est achevée dimanche sans aucune avancée notable ni annonce sur les négociations en cours, notamment sur l'agriculture.
"Pour la première fois, les pays responsables des principaux écarts en matière de distorsion du commerce se sont engagés à éliminer leurs subventions agricoles à l'exportation. C'est une opportunité historique qu'il serait déplorable de manquer car elle ne va pas se représenter de sitôt", remarque M. Supachai dans l'interview. "Les principaux acteurs du cycle risquent de perdre toute motivation s'ils n'ont pas la garantie qu'il s'achèvera, comme prévu, début 2005", a-t-il mis en garde.
L'OMC essaie de débloquer le cycle de Doha, enlisé depuis l'échec de la réunion ministérielle de Cancun en septembre 2003, en parvenant d'ici à la fin juillet à un accord sur les modalités de la négociation. Un tel compromis est considéré comme indispensable pour boucler un accord précis et chiffré sur l'ensemble du cycle dans le délai imparti, c'est à dire avant la fin de cette année. Dans ce but, une réunion du Conseil général de l'OMC, l'organe exécutif de l'organisation, doit se tenir à Genève les 27 et 28 juillet.
Evoquant les négociations agricoles entre Etats-Unis et Européens ce week-end, M. Supachai a jugé qu'il est "désormais impératif de se mettre d'accord sur ce qui est négociable, c'est-à-dire sur ce qui peut être considéré comme une subvention à l'intérieur des crédits à l'exportation. Américains et Européens en ont suffisamment parlé pour savoir où se trouve la zone de compromis", a-t-il jugé.
Selon lui, les négociations techniques à Genève ont permis des progrès, si bien que "la réduction des soutiens domestiques, l'élimination des subventions à l'exportation et le parallélisme sont à portée de main". En revanche, des "efforts conséquents" doivent être fournis du côté des produits industriels. La question des services et des sujets dits de Singapour (investissement, concurrence, transparence des marchés publics, simplification des procédures douanières), est encore en suspens, a-t-il indiqué.
La prochaine réunion de négociations aura lieu à partir de mardi à l'Ile Maurice entre l'Union européenne, les Etats-Unis, le Brésil et les pays du G90. Dimanche, les ministres du commerce des pays ACP (Afrique-Caraïbe-Pacifique) ont adopté une déclaration ministérielle affichant une convergence de vues pour l'élaboration future d'un programme de travail sur la question de la facilitation des échanges. |