"Face au succès croissant de notre manifestation, nous avons dû quitter le Carrousel du Louvre et ses 7 000 m2 pour la porte de Versailles", explique à l'AFP Sylvie Douce qui, avec son mari François Jeantet, a créé il y a 10 ans le Salon du chocolat.
"Nous allons accueillir entre le 28 octobre et le 1er novembre plus de 100 000 amateurs de tablettes et autres friandises chocolatées. Ces derniers vont avaler au total 53 tonnes de chocolat", ajoute-t-elle. Cette passion, une escouade de ministres va l'assouvir sous la houlette du ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard qui doit inaugurer mercredi soir le salon aux côtés du maire de Paris Bertrand Delanoë et d'Amadou Gon Coulibaly, ministre de l'Agriculture de Côte d'Ivoire, premier fournisseur mondial de cacao.
Cette année, 170 fabricants de chocolat, parmi lesquels des géants mondiaux comme les suisses Nestlé et Lindt ou les américains Kraft Foods et Masterfoods, ainsi que de nombreuses PME du secteur, vont présenter leurs dernières spécialités. 400 participants, artisans ou pâtissiers, vont faire des démonstrations, notamment quatre restaurateurs newyorkais réputés. Car depuis quelques années, le Salon du chocolat fait des émules. Il s'est exporté aux Etats-Unis (7ème édition du 11 au 13 novembre) et au Japon (4ème édition du 28 janvier au 3 février 2005).
"La Chine est également très intéressée par notre concept. Avec notre aide, elle compte en créer un dès janvier 2006 à Pékin", explique Mme Douce, qui a accompagné Jacques Chirac lors de sa visite d'Etat en Chine début octobre. L'Espagne, l'Italie et la Suisse envisagent également de créer une manifestation similaire avec la bénédiction des organisateurs français. "Mais point trop n'en faut en Europe, sinon Paris sera marginalisé. Toutefois, une voie royale s'ouvre pour les chocolatiers européens, dont les Français qui produisent des chocolats haut de gamme (Maison du chocolat, Jean-Paul Hévin, Fouquet, Bernachon à Lyon)", constate Mme Douce.
L'an dernier, la France a exporté 194 600 tonnes de chocolat (52,5% de la production française) contre 195 700 tonnes en 2002 pour des chiffres d'affaires respectifs de 668 millions et 680 millions d'euros. "Dans l'ensemble, le marché français a été en deçà de celui de l'année précédente en raison de la canicule qui a pesé sur la consommation", remarque Sylvain Margou, président de la Chambre syndicale du chocolat.
Le chiffre d'affaires de la filière française s'est élevé en 2003 à 2,3 milliards d'euros, en baisse de 11,5%, pour une production de 371 000 tonnes contre 380 900 l'année précédente. "Mais sur 10 ans, la production a augmenté de 33%", remarque M. Margou. La profession emploie 12 000 personnes et vend 85% de ses produits dans les grandes surfaces.
Si la Grande-Bretagne est le premier producteur européen de chocolat, les Pays-Bas sont les principaux importateurs de fèves de cacao, "en raison notamment de la taille de leurs installations portuaires", explique M. Margou. "Ils réexpédient ensuite une partie des cargaisons sur l'Europe", ajoute-t-il. Environ 17 millions de Français dégustent chaque jour du chocolat (6,8 kilos par an et par individu) mais leur gourmandise reste modérée comparée à celle des Suisses qui avalent chaque année entre 10 et 12 kilos de bonbons de chocolat et autres tablettes. La consommation des Allemands dépasse aussi les 10 kilos, talonnée par celle des Danois et des Autrichiens, à plus de 9 kilos. |
