Les Bordelais lancent un douloureux plan de restructuration

Objectif : arracher 8.000 à 10.000 ha de vigne, soit environ 8% du vignoble bordelais, et distiller 500.000 hl de vin, soit environ le tiers des stocks d'invendus qui pèsent sur le marché, en partie grâce à des auto-financements.

La restructuration du vignoble et l'épuration des stocks va s'accompagner du lancement d'un vin de pays. Une solution controversée dans la région mais qui vise à conquérir de nouveaux marchés avec un produit plus adapté à la demande de certains consommateurs.

Ce plan de sauvetage, baptisé "Plan Bordeaux", a été mis au point par le Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) après de longs mois de tergiversations et a reçu cette semaine la bénédiction du ministère de l'Agriculture.

Décidée à "enrayer la baisse des prix", l'interprofession a proposé d'abonder elle-même les aides européennes pour encourager l'arrachage et la distillation.

Le faible nombre de dossiers d'arrachage déposés en 2004 - 150 demandes pour un total d'environ 200 ha de vignes - montre que le niveau actuel des primes proposées par Bruxelles (6.300 euros/ha) n'est pas suffisamment incitatif pour permettre une véritable restructuration du vignoble, selon le CIVB.

L'objectif est de doubler la prime, à 12.000 euros/ha, grâce à un emprunt de 70 ME garanti par l'Etat. La distillation sera financée par un "fonds de solidarité" alimenté par des taxes sur les ventes des viticulteurs dépassant le quota de 50 hl/ha fixé l'an dernier par le CIVB pour limiter l'engorgement du marché.

"On a déjà perdu beaucoup de temps, il nous faut maintenant agir et agir vite pour sortir de la spirale de la crise", a déclaré Christian Delpeuch, le président du CIVB, en présentant les mécanismes du "plan Bordeaux" qui suppose encore le feu vert de Bruxelles.

La FDSEA et les Jeunes agriculteurs ont salué ces mesures "concrètes et positives" tout en dénonçant "l'insuffisance des aides de l'Etat".
"Les 70 millions d'euros promis fin janvier par le ministère de l'Agriculture ne correspondent même pas à ce que rapporte en un an la TVA sur les vins de Gironde, soit environ 600 millions d'euros", a souligné Denis Lurton, le président de la FDSEA.

De son côté, le Collectif des viticulteurs, qui réunit environ 400 petits producteurs, a critiqué l'absence de mécanisme de garantie des prix et "l'insuffisance des mesures d'aides aux viticulteurs en difficulté".
"A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles", a déclaré Didier Cousiney, un des porte-parole du Collectif, en annonçant de nouvelles actions.

La situation n'a cessé de se détériorer ces derniers mois et les plus pessimistes prédisent la faillite d'un millier de petits producteurs d'ici la fin de l'année.

Le prix moyen du vin en vrac a déjà chuté en dessous de 900 euros le tonneau, contre 1.500 euros à la période euphorique des années 90.

Après deux années de mévente, l'abondance de la récolte 2004, d'un volume-record de 6,5 millions d'hl, pèse sur le marché: avec des surstocks évalués à 1,5 millions d'hl, certains négociants proposent actuellement autour de 700 euros le tonneau, selon des sources concordantes.

Parallèlement, les expéditions de vins de Bordeaux ont chuté de 22,3% en valeur en 2004, en raison de la parité défavorable euro/dollar et de la concurrence des vins du Nouveau Monde.


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