Malgré ce réajustement, les exportations de blé de l'UE pour la campagne 2004/05 (juillet à juin) restent supérieures de 53% à celles de 2003/04, année marquée par une forte sécheresse.
"Actuellement ce sont les blés argentins qui font la loi sur le marché international en pratiquant des prix bas", a expliqué Christian Lapointe, le président de l'ONIC.
"Ils sont partout. En asie du sud-est, en Egypte, sur le Maghreb, en Afrique Noire. Ils captent tous les marchés grâce à des prix particulièrement agressifs", a renchéri Daniel Perrin, le directeur général de l'Office.
Les Argentins proposent des prix de l'ordre de 35 à 40 dollars sous les offres françaises. "Même en rajoutant le coût du transport, les blés argentins sont moins chers de 15 à 20 dollars que les nôtres à l'arrivée sur les ports égyptiens", a déploré Daniel Perrin.
Pour contrer l'effet dollar et la concurrence argentine, les céréaliers réclament à cors et à cris à Bruxelles, le retour des restitutions, sorte de subventions à l'exportation, seule mesure, selon eux, capable de compenser les disparités monétaires actuelles.
"Il a urgence car les invendus de cette année risquent de se télescoper avec la récolte prochaine dont les perspectives sont également favorables", a indiqué Christian Lapointe. Avec une production de 37,5 millions de tonnes de blé, la France est le premier producteur de l'UE et le pays le plus durement touché par la concurrence argentine.
"Tous ce que les Argentins vendent sur nos marchés traditionnels du pourtour méditerranéen sont des quantités que nous ne pourrons plus placer sur ces destinations", a déploré le président de l'ONIC qui a fustigé "l'attentisme coupable" de la Commission.
Cette situation a conduit l'ONIC, l'organisme chargé de la gestion des céréales en France, à réviser également à la baisse, mercredi, ses prévisions de ventes françaises sur les pays-tiers à 7,5 Mt contre 7,8 Mt avancées le mois dernier et 8,5 Mt prévues en début de campagne.
Selon le président de l'Office, toute la filière céréalière française est concernée. Depuis les producteurs "qui ont vu le prix du blé se déprécier de 30% par rapport à l'an dernier à la même époque" jusqu'aux meuniers "qui pourraient voir leurs exportations de farine diminuer de moitié si aucune mesure n'est prise", a-t-il précisé.
Déçus par le manque d'ardeur des instances européennes à remettre au goût du jour les fameuses restitutions, les producteurs de l'UE, notamment ceux de l'Est, se débarrassent de leurs blés en les proposant à l'intervention, système qui permet de revendre à Bruxelles -et à prix garanti- les céréales lorsque les cours du marché sont trop bas.
Actuellement, 3,2 Mt de blé ont été proposées à l'intervention dans l'UE dont une grande partie en Hongrie (1,4 Mt), en République tchèque (0,75 Mt) et en Allemagne (0,66 Mt). Des stocks qui, immanquablement, reviendront un jour sur le marché.
"Mais sans une prise de conscience de la situation par Bruxelles, les offres de blé à l'intervention pourraient atteindre les 10 millions de tonnes à la fin de la campagne", a prédit Daniel Perrin. |