Un grand cercle et une estrade bleus parsemés d'étoiles: la Commission européenne a vu grand pour son stand, autour duquel gravitent les nouveaux pays de l'UE: Hongrie, Slovénie, Slovaquie, Lituanie, Lettonie, Malte d'un côté, Chypre, Estonie, République tchèque et Pologne de l'autre.
Oranges, courgettes, poivrons: fruits et légumes sont étalés comme au marché sur la table du stand de l'île de Malte, où les représentants du ministère des Affaires rurales vantent une boisson à l'orange amère, la Kinnie, aussi bien que des sauces tomates concentrées. "C'est la fête de l'élargissement", résume l'un d'entre eux.
Ces dix pays sont à la fête du Salon de l'agriculture pour la première fois depuis leur entrée dans l'UE le 1er mai 2004. Chaque jour de la semaine, un (ou deux pays) présente ses produits traditionnels et son folklore en présence à chaque fois du ministre de l'Agriculture du pays concerné.
Mais il s'agit plus de faire connaître son pays que de faire se rencontrer les agriculteurs de l'ouest et de l'est de l'Europe. Ces derniers ne sont pas là, représentés seulement par des membres d'ambassade ou de ministères ad hoc.
Les discours vis-à-vis des agriculteurs français se veulent rassurants. "Nous ne sommes pas concurrents, nous sommes des partenaires en affaires parce que nous avons la chance de pouvoir exporter nos produits dans toute l'UE", affirme Emerich Vacek, un représentant tchèque du ministère de l'Agriculture.
Il précise cependant que des représentants de l'agro-alimentaire sillonnent le salon pour "affaires" tandis que d'autres vont au Salon international du machinisme agricole (SIMA), inauguré ce dimanche à Villepinte, au nord-est de Paris.
"Le vrai défi, c'est de trouver ensemble des solutions contre les importations de produits bon marché qui viennent du Maroc ou de Chine", estime une représentante du ministère de l'Agriculture en Pologne, où 20% de la population active travaille dans l'agriculture.
Mais son collègue, Jakub Jasinski, ne cache pas que "la concurrence va être très forte" entre l'Est et l'Ouest, notamment dans les produits de qualité de type AOC (appellation d'origine contrôlée). "Nos agriculteurs viendront les années prochaines avec un très grand stand", assure-t-il.
"Que peuvent faire les petits agriculteurs hongrois contre les agriculteurs des Quinze, qui reçoivent plus de subventions et qui ont des machines plus performantes ?", demande Norbert Somogyi, attaché agricole à l'ambassade de Hongrie. La majorité des agriculteurs hongrois sont de petits exploitants qui vivent en autarcie.
Des agriculteurs hongrois ont manifesté mardi dernier à Budapest pour protester contre le non-paiement de subventions agricoles qu'ils estiment devoir toucher.
Du côté des petits pays, les ministres estonienne et lituanienne de l'Agriculture, venues samedi serrer la main du président français Jacques Chirac, ont prôné plutôt la coopération en matière de formation agricole.
Le ministre chypriote de l'Agriculture, Timmy A.Efthymiou, affirme que les 25.000 agriculteurs de son pays et les 100.000 hectares de terres agricoles "ne représentent aucun danger" pour les Français. "L'Union européenne offre seulement à l'agriculture chypriote une petite fenêtre pour se développer", ajoute-t-il.
