Quelque 180.000 hectares de blé et de colza sont "pilotés en temps réel" en France au travers du service Farmstar, un outil d'agriculture de précision mis au point par le constructeur de satellites EADS Astrium.
Il s'agit "d'aider l'agriculteur à prendre des décisions" concernant l'épandage d'engrais ou l'arrosage sur tel ou tel secteur de son exploitation, précise à l'AFP Bernard Coquil, directeur de la division nouvelles applications chez Astrium, et responsable de Farmstar.
Le principe est simple. Un agriculteur prend un abonnement annuel auprès de sa coopérative pour 8 à 10 euros. En échange, il reçoit 6 cartes par an pour le blé, 3 pour le colza, représentant ses parcelles aux moments-clés du développement de ses cultures. "La grande originalité de Farmstar - utilisé par quelque 6.000 agriculteurs - c'est de combiner des images satellites et des données agronomiques" grâce à la détection de la teneur en chlorophylle et de la masse de végétation des cultures, souligne M. Coquil. L'agriculteur voit ainsi très clairement sur les cartes qui lui sont transmises, en fonction des couleurs, quand et où il doit utiliser des engrais azotés sur ses parcelles, quand il doit commencer l'irrigation, etc.
L'agriculture de précision, reconnaît le directeur qualité-environnement de la coopérative Capseine (Haute-Normandie) Jean-Pierre Coullette, permet de "beaucoup mieux gérer son exploitation sur les plans économique et environnemental".
Quelque 500 agriculteurs de Capseine, soit 15.000 ha exploités, sont abonnés à Farmstar et "tous ont plus ou moins trouvé un petit quelque chose qui leur apporte un plus: soit un meilleur rendement, soit une meilleure connaissance de leur parcelle, soit une meilleure utilisation des engrais..." Dans la coopérative Epis Centre (Berry), 850 agriculteurs utilisent Farmstar. Pour le directeur du développement Jean-Marie Larcher, il s'agit d'un instrument qui s'ajoute à d'autres outils déjà en place et se traduit par "des économies sur les semences, les engrais de fond, l'azote et peut-être par un léger gain de rendement".
L'agriculture de précision permet "une modulation dans chaque parcelle, avec une diminution des engrais tout en augmentant la productivité", car trop d'azote amène une perte en quantité et en qualité, rappelle-t-il.
M. Larcher estime qu'il en résulte en moyenne pour l'agriculteur "un gain de marge brut de 70 à 120 euros par an contre un coût spécifique annuel de 40 à 50 euros, soit un gain de 30 à 70 euros", selon la composition des parcelles.
Astrium, qui travaille avec des instituts agronomiques comme l'Inra, Arvalis (blé) ou le Cetiom (colza) pour transformer ses photos en données agronomiques, cherche à étendre sa gamme de cultures à la betterave, au coton et au riz. Mais ses recherches portent également sur l'aspect environnemental de cette agriculture de précision qui permet de limiter les engrais au strict nécessaire.
"Avec les nouvelles directives européennes sur l'agriculture durable et propre, ces cartes sont très intéressantes pour que, dans le futur, l'agriculteur puisse démontrer qu'il fait de l'agriculture propre", remarque M. Coquil. Ainsi, dit-il, avec cet outil "on est en train de glisser du pilotage des cultures à la démonstration du respect des règles environnementales".