La surveillance des cultures par télédétection existe depuis longtemps. Mais en 1992, avec la première réforme de la Politique agricole commune (PAC), la Commission européenne a commencé à introduire des aides compensatoires pour certaines productions agricoles et un contrôle s'est imposé pour déterminer leur montant pour chaque exploitant.
Ainsi, il est exigé des Etats membres qu'ils vérifient chaque année 5% des exploitations pour lesquelles des aides ont été demandées : un travail de Titan s'il devait être réalisé uniquement par des contrôleurs au sol. La seule solution résidait dans la télédétection.
A cette fin, la Commission a mis en place en 1992 le projet MARS-PAC (MARS - Monitoring Agriculture with Remote Sensing), rebaptisé en 2004 Agrifish et dont le siège est à Ispra (Italie). Un projet qui porte sur plusieurs cultures dont les céréales, les plantes textiles, les fruits à coque (noyers, amandiers, noisetiers...) ou les oliveraies.
Pour les oliviers, par exemple, MARS-PAC a dans un premier temps permis d'identifier dans chaque pays les parcelles plantées, à partir de cadastres, de cartes plus grossières et de clichés pris d'avions ou de satellites (Spot, Landsat...). Et même de compter les arbres : quelque 9 millions d'oliveraies, avec 650 millions d'arbres.
Pour toutes les cultures concernées, les agriculteurs déposent leurs demandes d'aide chaque année. Pour les producteurs d'huile d'olive en France, il y en a en moyenne 15.000 par an, a précisé dans un entretien Jean-Pierre Bézoc, directeur régional PACA-Corse de l'ONIC (Office national interprofessionnel des céréales) à Marseille.
Les contrôles imposés par la Commission de 5% des exploitations sont ensuite réalisés. En France, ils sont effectués pour 86% par télédétection (75% par photos aériennes et 25% par satellites), a-t-il précisé. Les résultats sont ensuite confrontés aux déclarations des agriculteurs.
Dans le cas d'une différence entre les surfaces observées par télédétection et celles annoncées par l'exploitant, un constat au sol est réalisé. "Le plus souvent, a noté M. Bézoc, la mesure sur le terrain confirme la télédétection".
Les techniques spatiales sont de plus en plus sollicitées pour assurer les contrôles demandés par la PAC, a souligné Mme Masson, une des responsables d'Agrifish : "On est à un point où les aides se sont élargies à un grand nombre de productions", a-t-elle noté dans un entretien téléphonique.
La "reconnaissance et la différenciation entre les espèces est un problème difficile à résoudre" par photos aériennes ou satellitaires, a-t-elle regretté. Sur une même parcelle, il n'est pas rare de trouver par exemple des amandiers et des oliviers et pour le moment "il faut aller sur le terrain pour faire les distinctions".
Il faudra donc, selon elle, une évolution dans la télédétection avec des photographies en couleur et non plus en noir et blanc, et avec des résolutions plus fines, permettant de distinguer des objets de moins d'un mètre.
La télédétection pour le contrôle de la PAC a en tout cas un bel avenir devant elle avec l'entrée de dix nouveaux membres dans l'Union européenne, ce qui portera le nombre d'agriculteurs de l'Union à 11 millions.