"Je crois que nous devons faire savoir à nos partenaires au sein de l'OMC avant la conférence de décembre de cette année, quels sont les éléments importants de cette réforme, si nous voulons éviter que cette question du sucre ne gâche la réunion de Hong Kong", a déclaré Mme Fischer Boel à Strasbourg.
"La discussion au sein du Conseil (des ministres européens de l'Agriculture) devrait nous permettre d'arriver à un accord d'ici novembre", a-t-elle estimé, précisant devant le Parlement européen qu'elle espérait présenter aux eurodéputés "avant l'été" ses propositions révisées pour cette réforme.
Le projet mis sur la table en juillet 2004 par l'ancien commissaire Franz Fischler a été gelé depuis, en raison de la procédure toujours en cours devant l'OMC qui oppose l'Union européenne à l'Australie, au Brésil et à la Thaïlande.
Avant de reprendre ses négociations en interne, l'Union européenne attend le résultat de l'appel interjeté mi-janvier à Genève, contre sa condamnation pour avoir dépassé depuis 1995 le plafond d'exportation de 1,27 million de tonnes de sucre par an qu'elle s'était engagée à respecter. Le verdict définitif de l'OMC sur ce dossier est attendu le 28 avril, a indiqué la commissaire.
Tout en reconnaissant les "difficultés" à attendre pour les producteurs de certains pays européens, Mariann Fischer Boel a néanmoins affirmé clairement à Strasbourg son attachement aux grands principes de la réforme élaborée par M. Fischler.
Le projet prévoit une baisse progressive d'un tiers des prix européens garantis d'ici fin 2007, trois fois plus élevés que les cours mondiaux, et une diminution des quotas de production, ramenés de 17,4 millions de tonnes par an à 14,6 millions en 2008/09.
"Je suis convaincue qu'il s'agit d'un minimum nécessaire pour parvenir à une réforme efficace, équilibrer le marché et respecter nos obligations internationales", a-t-elle déclaré.
"Moins nous irons loin maintenant, plus il est probable que nous devrons encore procéder à une réforme dans un avenir proche, avec l'incertitude qui ira de pair pour le secteur", a-t-elle fait valoir.
Le projet actuel de réforme épargne relativement les gros producteurs sucriers que sont la France et l'Allemagne, qui pèsent à eux deux près de 50 % de la production européenne.
Mais il suscite une vive inquiétude dans les pays aux exploitants moins compétitifs, ainsi que chez les pays de la zone ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) qui ont bénéficié jusqu'ici du système européen et s'inquiètent des compensations qu'ils pourront obtenir.
En novembre dernier, une dizaine de pays européens emmenés par l'Espagne et l'Italie ont reproché au projet de la Commission de "s'écarter des principes fondamentaux" de la politique agricole commune de l'Union européenne.