"Notre but est de maintenir jusqu'au 15 août un niveau d'eau dans ce barrage compatible avec l'activité touristique", explique Alain Daubas, chargé de la communication EDF. Plus grand barrage en terre et plus vaste retenue d'eau artificielle d'Europe (2.800 hectares), Serre-Ponçon est le château-d'eau de la Provence, mais il est soumis à des besoins contradictoires.
Il doit fournir de l'électricité, domestiquer la Durance, rivière aux caractéristiques de torrent alpin avec des crues soudaines et des périodes à sec, nourrir l'irrigation et favoriser une activité touristique. Le lac fait vivre plusieurs milliers de personnes en été et représente 40% de l'activité touristique estivale des Hautes-Alpes.
La hauteur d'eau idéale pour les activités nautiques dans le lac est appelée "cote touristique" (niveau 780). En 1992, à la suite de la sécheresse, la hauteur d'eau dans le lac avait baissé de 7 mètres, laissant apparaître des rives boueuses et faisant fuir les touristes.
Depuis, un Syndicat mixte d'aménagement et de développement des berges de Serre-Ponçon a été créé et une convention de partenariat a été signée avec EDF.
Le président du syndicat, le conseiller général socialiste Bernard Allard-Latour, précise: "en 1992, EDF avait privilégié l'agriculture et négligé le tourisme, mais cela a heureusement changé. Il y a déjà eu une sécheresse en 2003 et 2004, mais le lac a pu être rempli". Néanmoins, depuis 6 mois, la sécheresse est plus grave et il n'y a pas de réserve de neige.
M. Daubas précise: "Les barrages de Serre-Ponçon et de Sainte-Croix (Alpes-de-Haute-Provence) permettent l'irrigation de 150.000 hectares de terres agricoles, soit un tiers des surfaces irriguées en France et nous avons eu raison d'être économes, car la Provence a reçu très peu d'eau et va avoir de gros besoin en irrigation cet été".
"Comme il y a eu peu de pluies à l'automne sur les Alpes du sud, nous avons eu dès cette période une gestion prudente. Entre octobre 2004 et février 2005, les 18 centrales situées sur la Durance et le Verdon ont produit deux fois moins d'électricité qu'une année normale. Nous avons eu raison de le faire car nous avons eu cet hiver beaucoup de jours très froids avec des pointes de consommation et là nous avons dû lâcher de l'eau, pour produire de l'électricité", ajoute M. Daubas.
"Fin mars, avec cette politique d'économie de l'eau, Serre-Ponçon est un peu au-dessus de son niveau normal et Sainte-Croix très au-dessus, mais nous avons vraiment besoin d'un printemps humide pour être définitivement rassurés", estime M Allard-Latour.