La Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB), qui a achevé jeudi soir à Larmor-Baden son assemblée annuelle, demande une "rémunération de reconnaissance" pour les exploitants bio justifiée selon elle par les économies sur l'eau non polluée, la santé publique et les emplois créés.
Jusqu'à présent les aides sont limitées en France à la seule période de passage de l'agriculture conventionnelle à l'agriculture biologique.
La FNAB estime à 118 millions d'euros le coût d'une première année de "rémunération de reconnaissance".
La création de cette aide serait un "signal sans lequel tout va s'effondrer", selon Jacques Caplat, chargé des politiques agricoles à la FNAB qui revendique 6.000 adhérents sur 11.000 exploitations bio, pour un total de 600.000 exploitations agricoles en France. Cette aide au maintien existe déjà dans plusieurs pays de l'Union européenne.
Pionnière dans les années 70, l'agriculture biologique française est désormais tombée au 13e rang européen. Les surfaces bio plafonnent à 2% de la surface agricole utile contre 15% en Autriche.
En 2004, la superficie de culture bio a reculé de 4%, après avoir été multipliée par cinq ces dix dernières années.
Pourtant, 44% des Français ont consommé des produits bio en 2004 contre 37% en 2003, selon une enquête CSA, et ce malgré des prix supérieurs de 20 à 30% aux produits traditionnels. Résultat: la moitié du bio consommé en France est importé.
"Les autres pays ont profité des mesures prises à partir de 1993 à Bruxelles pour financer" une aide au maintien, selon Dominique Vérot, délégué général adjoint de la FNAB.
L'UE finance à hauteur de 50% ce type de politique, selon la FNAB. La France finance une partie l'aide à la conversion (35 millions EUR en 2005) avec cette disposition.
"Bruxelles a une volonté politique assez nette" de prise en compte de l'environnement mais "refuse de légiférer en la matière: cela fait partie des programmes subsidiaires", a regretté Henri Thépaut, président de la FNAB élu à Larmor-Baden.
L'aide au maintien "fait partie des dossiers qu'on examine", répond Pascal Viné, représentant le ministère de l'Agriculture à l'AG.
Autre exemple de mauvaise volonté française selon la FNAB, la réforme de la Politique agricole commune (PAC). La France s'oriente vers un calcul des nouvelles aides basées sur la moyenne des aides perçues les années passées.
Selon la FNAB ce système pénalise les agriculteurs bio puisqu'ils ne percevaient pas ou peu des aides à l'agriculture intensive.
Une opinion partagée par Pascale Loget vice-présidente (Verts) du conseil régional de Bretagne. "Nous sommes les mauvais élèves européens", sous la pression de lobby français de l'agriculture intensive, a déclaré l'élue, prônant une régionalisation de l'enveloppe bruxelloise pour financer une aide au maintien.