Le Sénat débute mardi l'examen du projet de loi sur l'eau

Le texte n'impose aucune nouvelle taxe aux agriculteurs, en dépit de leur  responsabilité dans la pollution des eaux (pesticides, nitrates).

Il est jugé "inacceptable" par un collectif d'associations représentant  près de 2 millions de membres (WWF, Eaux et Rivières de Bretagne, Ligue pour  la protection des Oiseaux, Union nationale pour la pêche en France...).

Pour le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier, la lutte contre les  nitrates passera par la réforme de la politique agricole commune. "La  conditionnalité des aides agricoles va au delà de n'importe quelle taxe  nitrate qui aurait pu être mise en place", a-t-il expliqué lors de la  présentation du projet.

Le texte prévoyait bien initialement une taxe "nitrates", mais la mesure a  disparu après un arbitrage de Matignon et de l'Elysée en juillet.

L'objectif reste de parvenir à "un bon état écologique des eaux" en 2015,  conformément à la directive (loi) européenne du 23 octobre 2000.

La moitié du territoire français est classée en "zone vulnérable" pour les  nitrates. Les pesticides sont présents dans 75% des cours d'eau et la moitié  des nappes souterraines. La France a été condamnée à cinq reprises par  l'Europe pour manquement à ses responsabilités dans le domaine de l'eau.

Les agriculteurs, qui émettent la plus grande partie des nitrates  (provenant des élevages et engrais) et des pesticides, acquittent 1% des  redevances aux Agences de l'eau, qui leur versent 7 fois plus d'aides à la  dépollution.

La loi va ramener ce ratio à 2,5 selon le ministère de l'Ecologie, grâce au  transfert aux Agences de l'eau de l'actuelle taxe sur les pesticides, versée  jusqu'à présent au budget de l'Etat.

In fine, la loi légalise le système des redevances, qui seront désormais  votées par le Parlement, mais sans rééquilibrer leur répartition actuelle: les  agriculteurs acquitteront 3 à 4% des redevances, contre 82% pour les ménages  (au lieu de 86% actuellement) et 14% pour l'industrie.

"Alors que l'irrigation consomme près de 70% de l'eau en France, plus de  80% des redevances sont payées par les ménages", dénoncent les associations.  Elles s'élèvent aussi contre des "régressions majeures" sur la réglementation  des barrages et la protection des cours d'eau.

Le projet supprime le classement actuel en "cours d'eau réservés" où on ne  peut pas construire de barrages et "cours d'eau à migrateurs", et laisse aux  préfets le soin de créer de nouvelles listes. Ces listes devraient au minimum  intégrer les anciennes, estiment les écologistes, sauf étude d'impact  préalable.

La réglementation sur les barrages fait l'unanimité contre elle: les  écologistes la jugent laxiste, et les producteurs d'électricité trop  contraignante. Elle rend obligatoire à l'horizon 2013 le maintien dans la  rivière d'un débit "réservé" de 1/10e (4 fois plus qu'actuellement) mais  permet de le moduler sur l'année.

"Cela signifie que le débit pourra être élevé en période humide, et nul en  période de sécheresse, avec pour conséquence la destruction des milieux  aquatiques", s'indignent écologistes et pêcheurs. Ils proposent d'instaurer un  débit minimal de 1/20e.

Les hydroélectriciens, dont EDF, contestent le passage à 1/10e, pourtant  prévu par la loi depuis 1984. Ils estiment que cela va diminuer leur capacité  de production d'énergie.

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