"On va continuer à pousser les feux", a déclaré Jean-Jacques Vorimore, le président de France Exports Céréales, mardi lors d'une conférence de presse. Jeudi dernier, au cours de la visite à Pékin du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, avait été signée une lettre d'intention chinoise portant sur l'achat de 500.000 tonnes de blé pour 100 millions de dollars (environ 77 millions d'euros).
Le président de l'organisme de promotion des céréales françaises espère "fournir à la Chine plus largement que 500.000 tonnes, car la France à la capacité de livrer entre 1 et 2 millions de tonnes durant la campagne 2005-2006 qui débute le 1er juillet prochain". Entre 1985 et 1996 la France a vendu 7,7 millions de tonnes de blé à la Chine. Or la Chine est structurellement déficitaire en blé depuis plusieurs années. En 2004, elle a produit 91 millions de tonnes pour une consommation de 105 millions de tonnes. Elle est devenue, devant l'Egypte, le premier acheteur mondial de blé, principalement aux Etats-Unis, au Canada et en Australie.
"Après les 700.000 tonnes de blé achetés par la Chine en octobre dernier pour 150 millions de dollars, nous sommes en train de nous installer sur le marché chinois malgré les handicaps de la parité dollar-euro et le coût du frêt", s'est félicité M. Vorimore. Les Français, premiers producteurs mondiaux d'orge de brasserie, lorgnent aussi ce marché, la Chine étant devenue le premier producteur mondial de bière avec une consommation en hausse de 8% par an. "La France, qui est en train d'exécuter un contrat de 100.000 tonnes, souhaite reconquérir la première place - qu'elle a occupé il y a deux ans avec 600.000 tonnes - de fournisseur du marché chinois de l'orge de brasserie", a ajouté M. Vorimore.
L'entreprise de séduction de France Export Céréales envers la Chine est d'autant plus importante que les résultats d'exportations de blé vers les autres "pays tiers" (hors Union Européenne) n'ont pas été bons durant la campagne 2004-2005. Ce sont le Maghreb (2,5 millions de tonnes) et l'Egypte (1,5 million de tonnes) qui ont été les principaux acheteurs. Prévoyant, à cause de la prochaine récolte française de blé qui s'annonce abondante, "un marché difficile en début de campagne, même au niveau du stockage", M. Vorimore a vivement critiqué la politique restrictive de la Commission de Bruxelles en matière de "restitutions" (subventions à l'exportation). "La Commission ne s'en sert pas, c'est absurde. On ne sait pas ce qu'ils veulent, sauf la politique du pire", a-t-il lancé.